Le bras de fer postélectoral se poursuit en Guinée-Bissau. Umaro Sissoco Embalo, qui revendique la victoire à la présidentielle, est installé au palais. Son rival Domingos Simoes Pereira dénonce un « coup d'Etat ». L'armée du pays semble avoir choisi son camp. Les plus hauts représentants de l'armée étaient tous présents, samedi, au palais présidentiel, pour la cérémonie d'investiture de Nuno Gomes Nabiam, le Premier ministre nommé par Umaro Sissoco Embalo. L'armée joue un rôle politique déterminant en Guinée-Bissau. C'est elle qui était à la manœuvre lors du dernier coup d'Etat en 2012. C'est aussi l'armée qui a assuré la sécurité de la cérémonie d'investiture organisée jeudi par Umaro Sissoco Embalo dans un hôtel de la capitale. Cérémonie à laquelle participait l'ancien chef d'état-major Antonio Indjai. Dès vendredi, les forces de défense et de sécurité ont pris le contrôle des principales institutions : le palais du gouvernement qui abrite plusieurs ministères, le palais de justice, la radio et la télévision nationale. Samedi soir, c'est l'Assemblée qui a été investie. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a estimé « illégales » lundi 2 mars les investitures de deux chefs d'Etat rivaux en Guinée-Bissau. Rappelons qu'Umaro Sissoco Embalo, issu de l'opposition, s'est fait investir président, avec l'aval du président sortant, José Mario Vaz, malgré une contestation tenace autour du résultat du scrutin. Comme riposte, le camp du candidat donné battu à la présidentielle a désigné, le jour suivant, un « président intérimaire », au lendemain de la prise de fonctions, qu'il juge illégitime, d'Umaro Sissoco Embalo, La CEDEAO alarme contre la tournure qu'ont pris les derniers événements politiques. Dans un communiqué, elle parle des « investitures successives de deux chefs d'Etat en dehors des cadres légaux et constitutionnels au moment où le contentieux électoral est pendant devant la Cour suprême ». Elle souligne que « la CEDEAO ne peut pas reconnaître des organes créés et installés en dehors des cadres constitutionnels et légaux », et note « avec une grande inquiétude l'immixtion des forces de défense et de sécurité dans la sphère politique ». Elle leur demande d'observer une position de neutralité. Enfin, la CEDEAO évoque la nécessité absolue de s'en tenir au processus électoral en cours qui doit aller jusqu'à son terme, et évoque des sanctions.