Le plan, qui acte l'annexion de la vallée du Jourdain et des colonies de Cisjordanie, a déjà été rejeté par les Palestiniens et plusieurs pays arabes. Une manifestation pro-palestinienne sera organisée à Rabat, encadrée par un important dispositif policier Plusieurs sensibilités de la société civile marocaine comptent manifester dans les rues de la capitale, dimanche 9 février, pour protester contre le nouveau américain à l'égard des colonies israéliennes. Des milliers de personnes se rassembleront pour « célébrer la résistance palestinienne et contre le plan américain proposé», à l'appel d'une dizaine d'associations. Le président américain Donald Trump a présenté, mardi 28 janvier, son plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien. La «vision» du président américain, «le plus grand ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche» selon les mots de Benjamin Netanyahu, a irrité de larges pans de la rue arabe. L'avocat Khalid Sefiani, coordinateur du Groupement de l'action nationale en faveur de la Palestine, a déposé une déclaration de manifestation auprès de la préfecture de police de Rabat. Alors que Rabat s'apprête à déclarer fidélité et dévouement à la cause palestinienne, «l'accord du siècle», pour les observateurs, ne semble rien de plus qu'une tentative de détournement politicienne. Un nombre d'analystes a déclaré l'accord mort-né et pire, une abdication américaine de tout rôle de médiation à l'avenir. Pourtant, le conflit a duré trop longtemps, avec trop de dégâts. Le «plan pour améliorer la vie des Palestiniens et des Israéliens», comme on l'appelait, était en gestation depuis près de trois ans, et les négociateurs de M. Trump – son gendre, Jared Kushner, et son ancien avocat d'affaires Jason Greenblatt – avait longuement consulté les dirigeants arabes à propos de cette feuille contestée. À première vue, le plan semble s'appuyer sur les plans de paix d'autrefois. Il fait revivre la solution moribonde à deux Etats et couvre tous les problèmes majeurs – la sécurité d'Israël, Jérusalem, les colonies, le droit au retour des réfugiés palestiniens et des aides de 50 milliards de dollars pour les Palestiniens s'ils y adhèrent, vraisemblablement financées par les monarchies pétrolières arabes proches de Trump. Et en l'appelant une «vision» plutôt qu'une «feuille de route» ou un «plan de paix», M. Trump a suggéré qu'il était ouvert aux négociations auxquelles il prétend être un génie. Cela pourrait bien être «la dernière occasion» pour que les Palestiniens ait un Etat, a averti Trump, ou du moins la conclusion de la meilleure affaire à laquelle ils peuvent s'attendre. Compte tenu de la détresse du peuple palestinien et de ses revendications foncières historiques, ce n'est guère un compromis équitable. Las des gouvernements israéliens successifs, de leurs coalitions épuisées, divisées, menées de façon désastreuse et négligées par certains alliés arabes de longue date, les Palestiniens sont à court d'options. Pourtant, cet accord serait difficile à accepter, même pour les Palestiniens les plus pragmatiques.Il suffit de jeter un coup d'œil à la carte de l'«Etat palestinien» proposé et à certains détails du plan pour voir qu'il ne s'agirait pas du tout d'un Etat. Il s'agirait d'une mosaïque d'îles ethniques, censées être reliées par des ponts, des routes et des tunnels, tous soumis à des exigences de sécurité, telles que définies par Israël. En d'autres termes, ce serait tout à fait comme ce qui existe déjà. Rabat, ce dimanche, s'insurge contre le plan de Donald Trump qui accorde effectivement à Israël le droit d'annexer presque toutes les colonies israéliennes et la vallée du Jourdain. Selon les termes du plan, Israël est soumis à un gel de la construction de nouvelles colonies – au moins en dehors des blocs existants – pour les quatre prochaines années. La question de savoir si Israël respectera cette contrainte – et si ce n'est pas le cas, si Trump tente de la faire respecter – sera un test de la gravité de cet effort.