La baisse des prix des médicaments se poursuit. Le ministère de la Santé a publié dans le Bulletin officiel n°6848 du 16 janvier 2020 une nouvelle liste de médicaments dont le prix a baissé. Au total, 19 médicaments sont concernés par cette nouvelle baisse. Le prix public de vente de 19 médicaments connaîtra une baisse conséquente. La liste des médicaments concernés par cette baisse a été publiée au Bulletin officiel datant du 20 janvier. La révision du prix public de vente de ces médicaments intervient conformément à l'arrêté ministériel n°19.3976 portant révision des prix publics de vente des médicaments princeps, génériques et bio-similaires commercialisés au Maroc. Elle concerne principalement les antibiotiques, mais on retrouve également des antiépileptiques et des diurétiques. Par ailleurs, les prix de plusieurs médicaments ont connu des baisses importantes ces dernières années. Pour pouvoir procéder à ces baisses, le ministère de la Santé a élaboré en 2013 un décret relatif aux conditions et aux modalités de fixation des prix de vente des médicaments fabriqués localement ou importés. Et il s'est engagé, depuis quelques années déjà, dans une politique de baisse des prix des médicaments. Il s'agit du décret 2-13-852 relatif aux conditions et aux modalités de fixation des prix de vente des médicaments fabriqués localement ou importés. Ce décret, notamment dans son deuxième article, fixe les prix publics de vente. Selon ce texte, le prix public de vente (PPV) d'un médicament, fabriqué localement ou importé, est donc calculé à partir du prix fabricant hors taxe auquel s'ajoutent les marges bénéficiaires ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) lorsqu'elle existe. Celles-ci concernent notamment la distribution par le grossiste et le pharmacien d'officine ainsi que l'importation, qui couvre également les frais d'approche et les droits de douane. Dans ce sens et après l'analyse comparative des prix fabricants hors taxe au niveau de plusieurs pays, en l'occurrence la France, l'Espagne, le Portugal, la Belgique, l'Arabie saoudite et la Turquie, le ministère de la Santé, en charge désormais de la fixation du PFHT (le prix fabriquant hors taxe) des médicaments princeps, a adopté une nouvelle approche. En effet, le PFHT adopté au Maroc doit être égal au PFHT le plus bas dans ces pays. Toutefois, dans le cas où le produit n'est commercialisé dans aucun des pays cités, hormis le pays d'origine, ce prix est aligné sur le PFHT du pays d'origine converti en dirhams. S'agissant de la marge de distribution, ce texte la définit selon le niveau du PFHT du médicament. Dans ce sens, la loi prévoit que plus le prix d'un médicament est cher, plus sa marge de distribution est faible. Avant de mettre en place ces modalités, le département de la Santé a précédemment tenu une série de rencontres avec les professionnels du secteur. En effet, plusieurs études effectuées à l'époque par l'Organisation mondiale de la santé, la Chambre des représentants ainsi que le Conseil de la concurrence ont révélé que les prix des médicaments au Maroc sont anormalement élevés. Dans ce contexte, notons que depuis l'adoption de ce décret, le nombre de médicaments ayant vu leur prix diminuer dépasse 3.000, alors qu'une trentaine d'entre eux ont connu une augmentation. Pourtant, selon une source citée par la vie éco, la révision peut tout aussi aboutir à une hausse, et non à une baisse automatique. En effet, l'article 16 stipule que des révisions à la hausse des prix publics de vente peuvent être appliquées, notamment en raison de l'augmentation de tous les PFHT appliqués dans les pays fabricants. A cet effet, la demande de révision doit être justifiée et appuyée d'un dossier comportant les documents indiquant : les faits intervenus depuis la dernière fixation ou homologation du prix qui justifient la hausse demandée, les quantités vendues durant les 5 dernières années, les conditions du marché et de la concurrence, notamment au moyen d'une étude comparative. « Le décret n'est pas appliqué dans le sens de l'augmentation. Ce qui est une aberration à mon sens, car un décret doit être appliqué dans son intégralité », précise la même source citée par le journal, qui indique qu'une centaine de produits, sur environ 7.000, doivent voir leur prix augmenter, en se référant au décret. Pour rappel, les baisses des prix des médicaments ont causé des tensions entre le ministère de tutelle et les professionnels du secteur. En effet, les pharmaciens, qui ont vu leur activité reculer de plus de 20%, s'attendent toujours à des mesures de compensation de la part du département de la Santé. De leur côté, les industriels s'attendent à une nouvelle revalorisation des prix de certains médicaments essentiels et dont les prix sont jugés trop bas par les laboratoires pharmaceutiques. Soulignons qu'en l'absence d'une marge de profit confortable, il est possible qu'un médicament dont le prix a baissé ne soit plus commercialisé. De plus, la hausse des prix non appliquée a engendré un manque à gagner. Il faut savoir que le marché des médicaments a stagné au cours des cinq dernières années, avec une croissance qui varie de 1,5 à 2%.