Diplômée de droit constitutionnel et de droit de l'environnement, Ekaterini Sakellaropoulou a notamment soutenu des réfugiés, des minorités et les libertés civiles. Elle est la première femme de l'histoire de la Grèce à accéder à ce poste. La magistrate Katerina Sakellaropoulou, 63 ans, a été élue mercredi 22 janvier, à une large majorité, présidente de la République hellénique. L'actuelle présidente du Conseil d'Etat, défenseuse de l'environnement, a été élue dès le premier tour du scrutin, sur proposition du premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, par 261 députés sur les 300 que compte le Parlement. Informée de son élection, la future chef de l'Etat, qui prêtera serment le 13 mars, a déclaré « aspirer à une société qui respecte les droits, en vertu de [la] Constitution, la Charte européenne des droits fondamentaux et la Convention européenne des droits de l'homme ». Cette juge expérimentée succédera pour cinq ans au président conservateur sortant Prokopis Pavlopoulos. « C'est une journée importante pour la République grecque. Le Parlement a élu une juriste remarquable, une personnalité de consensus, qui symbolise la transition vers une nouvelle ère », s'est félicité Kyriakos Mitsotakis. « La Grèce avance vers une nouvelle ère d'égalité », s'est réjouie dans un tweet la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en félicitant Mme Sakellaropoulou pour son élection « à une très large majorité ». Dans un pays où une femme sur cinq est au chômage, Ekaterini Sakellaropoulou avait déjà ouvert une brèche en devenant la première femme à la tête de la plus haute cour du pays en octobre 2018, sur proposition du premier ministre d'alors, Alexis Tsipras. Originaire de Thessalonique, cette diplômée de droit constitutionnel et de droit de l'environnement à Athènes et Paris s'est distinguée dans sa carrière dans plusieurs affaires de protection de l'environnement, notamment contre un barrage hydraulique qui aurait asséché une rivière en Thessalie. La juriste s'était également fait connaître pour avoir soutenu la suppression de la mention de la religion sur les cartes d'identité grecques au début des années 2000, de même qu'une loi votée sous le gouvernement d'Alexis Tsipras permettant aux enfants nés de parents étrangers, mais ayant effectué la majorité de leur scolarité en Grèce, d'obtenir la nationalité grecque. En 2018, en tant que présidente du Conseil d'Etat, et à la suite de plaintes d'associations de parents d'élèves grecs protestant contre la présence d'écoliers immigrés dans les établissements, elle avait également décrété que l'insertion à l'école des enfants réfugiés était « légale et nécessaire ». Sa carrière n'est cependant pas exempte de polémiques, certains l'accusant de trop privilégier les intérêts des industriels dans une Grèce frappée par une décennie de crise. Elle a été ainsi vivement critiquée pour avoir défendu un projet d'investissement controversé d'une compagnie minière canadienne dans le nord du pays. Dans un pays qui sort à peine la tête de l'eau, son élection pour un mandat de cinq ans est considérée comme un atout pour le gouvernement conservateur, qui table sur l'énergie verte pour redresser la Grèce. Sans appartenance politique, cette féministe, divorcée et mère d'un enfant passe ainsi des plus hautes fonctions de la justice à celles de l'Etat. Reste à savoir qui, dans quelques semaines, remplacera Ekaterini Sakellaropoulou à la tête de la plus haute juridiction administrative grecque, un poste sensible dans un pays souvent décrié pour le manque d'indépendance de son système judiciaire.