La manifestation annoncée pour dimanche comme étant « d'ampleur nationale » par la coordination des enseignants-stagiaires dans le centre-ville de la capitale, suscite déjà plusieurs interrogations, notamment sur ce que va être le comportement des forces de l'ordre dans ce bras de fer qui n'en finit pas. Va-t-il y avoir un remake de la manif d'Inezgane, entre autres, ayant fait de nombreux blessées, ou va-t-on assister à une sorte de ‘'retenue'' de la part des forces de l‘ordre dont l'intervention musclée lors des manifestations précédentes a été justifiée par leur ministre de tutelle devant les élus. Autant de questions qui se posent à la veille de cette nouvelle manifestation, la énième depuis le 7 octobre dernier. Les récentes déclarations des responsables de la Coordination nationale des enseignants stagiaires, qui encadrent le mouvement, ont eu beaucoup d'écho cette semaine dans la presse. Et pour cause : les images de la violence des autorités lors des manifestations du 7 janvier dernier ont marqué les esprits et déclenché une vague d'indignation des internautes marocains sur les réseaux sociaux. On a même parlé de « jeudi noir ». Selon la Coordination, il y a eu ce jour-là plus de 200 blessés dont 117 à Inezgane. Le ministère de l'intérieur parle, lui, de quelques blessés légers. Par ailleurs, on apprend qu'un comité sera chargé de regrouper l'ensemble des dossiers médicaux des victimes, sans plus de précisions. Pas moins de 20.000 personnes -selon les organisateurs – avaient alors battu le pavé dans plusieurs villes du pays, pour réclamer l'annulation de deux décrets du ministère de l'Education nationale. Les textes portent sur la séparation entre la formation et le recrutement. Depuis l'intervention policière et les déclarations de responsables politiques qui ont suivi les événements, notamment l'intervention du Chef du gouvernement devant les députés, les protestataires se sont visiblement radicalisés. Leur message est d'autant plus clair aujourd'hui et ils semblent déterminés à poursuivre leur bras de fer avec le gouvernement Benkirane. Le mouvement a déclaré que les manifestations et les sit-in vont continuer, jusqu'à ce que les deux décrets soient retirés, et il prévoit même le recours à une « grève de la faim ». L'un des porte-parole du mouvement, Soufiane Chikh a précisé mercredi dernier : « Notre mouvement n'est pas politisé. Il ne dépend pas de courants comme Annahj Addimocrati ou encore Al Adl wal ihsane ». Il répondait ainsi aux déclarations du ministre de l'Intérieur qui avait été interpellé cette semaine par des parlementaires de la première chambre pour justifier l'intervention violente des forces de l'ordre. Mohamed Hassad, avait alors affirmé que les manifestants étaient manipulés une ‘'organisation'' qu'il n'a pas nommée, allusion faite à Al Adl wal Ihsane.