L'escalade entre l'Iran et l'Arabie saoudite s'est aggravée davantage lundi après la rupture par Bahreïn et le Soudan de leurs relations diplomatiques avec Téhéran et la réduction du niveau de la représentation diplomatique des Emirats Arabes Unies en Iran, en signe de soutien à Ryad dans sa confrontation avec Téhéran. La tension, qui intervient suite l'exécution d'un dignitaire chiite saoudien avec 46 autres individus condamnés pour terrorisme, a commencé entre les deux pays par une « guerre verbale », et a vite dégénéré pour donner lieu à de violentes manifestations de condamnation de cette exécution par des communautés chiites en Irak, au Liban, à Bahreïn, au Pakistan et surtout en Iran, où l'ambassade et le consulat d'Arabie saoudite ont été mis à sac et incendiés. C'est en effet en Iran où les réactions ont été plus virulentes et où le guide suprême, Ali Khamenei avait déclaré dimanche « que la main divine vengerait » Cheikh Nimr, alors que le président Hassan Rouhani, qui, tout en condamnant l'exécution de Nimr, considère que les attaques contre les représentations diplomatiques saoudiennes à Téhéran et à Mashhad, sont « totalement injustifiables ». Réagissant à cette situation, Ryad annonce, dimanche soir, « la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran et exige le départ sous 48 heures des membres de la représentation diplomatique iranienne ». Les réactions de certains alliés de l'Arabie saoudite ne se sont pas faites attendre, puisque, dès lundi matin, le Royaume de Bahreïn annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec Téhéran et une décision similaire est aussitôt prise à Khartoum où les autorités soudanaises ont décidé de rompre leurs relations avec l'Iran, tandis qu'à Abou Dhabi, les Emirats arabes Unis ont rappelé leur ambassadeur à Téhéran et ont décidé de réduire leurs liens avec l'Iran. Sur le plan international, la Russie, qui dit craindre une escalade aux conséquences imprévisibles, affirme être « prête à servir d'intermédiaire » pour résoudre la crise entre Ryad et Téhéran, et les Etats-Unis, alliés des Saoudiens et qui viennent d'amorcer un certain rapprochement avec les iraniens, suite à l'accord sur le nucléaire conclu en juillet dernier, appellent « à des mesures positives pour calmer les tensions ». Ayant constaté que la situation évolue dangereusement dans la région, la France et l'Allemagne ont, pour leur part, plaidé lundi pour une « désescalade » après les ruptures des relations de certains pays de la région avec Téhéran. Il est à rappeler que les relations entre Ryad et Téhéran ont toujours connu des hauts et des bas depuis l'avènement de la république islamique en 1979 en Iran, avec des désaccords plus fréquents sur les crises que traverse la région, et les experts craignent que l'actuelle crise n'alimente davantage « les guerres par procuration » que se livrent actuellement Téhéran et Ryad notamment en Syrie et au Yémen.