L'événement a abordé plusieurs thématiques, notamment le modèle du développement ; la transparence, l'éthique et l'efficacité de l'action publique, ainsi que la bonne gouvernance. Pour dessiner l'esquisse des lendemains qui chantent. La fondation Abderrahim Bouabid a tenu, vendredi 27 septembre, au siège de la CDG à Rabat, une rencontre intitulée «1959 -2019 : La question du modèle de développement, entre hier et aujourd'hui». Cette rencontre, qui a vu la participation de plusieurs intervenants de tous les bords, a proposé quelques pistes pour repenser le chantier du développement. Le principal point de cette table ronde a évoqué le modèle de développement marocain, dont les premiers jalons ont été posés par des commissions et des groupes de travail spécialisés, comportant, aux côtés de techniciens et de fonctionnaires, des représentants des secteurs privés ont duré près de deux ans et demi, du début de l'année 1959 à la fin de l'année 1960. Le premier plan quinquennal de développement économique et social couvre la période de 1960-1964. À partir d'un tour d'horizon des interventions de différents auteurs, il a été démontré qu'il existe diverses conceptions du modèle marocain qui s'est constitué depuis les années 60 comme un véritable projet de société. Ce modèle était au début un désir de concertation dans un monde où le regroupement des forces et des intelligences s'avère essentiel. Cette manifestation est tenue alors que l'année 2019 marque le 60ème anniversaire de la création de plusieurs établissements ayant joué un rôle majeur dans les politiques de l'émergence économique marocaine, notamment Bank al Maghrib, la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc, la Banque nationale pour le développement économique (BNDE), la BMCE et d'autres. Le Maroc se trouve aujourd'hui à une étape charnière de son développement, a fait savoir l'ancien ministre Mohammed Achâari. «Le modèle marocain, après soixante ans, constitue une représentation – discursive, figurale, structurée – des processus et des mécanismes déployés dans tous les domaines», a-t-il détaillé. «Tout se passait comme si on témoignait d'un système progressif, susceptible de d'évoluer sans remettre en cause ses structures fondamentales. Sauf que les modes de faire-valoir ne permettaient pas de réaliser de réelles avancées» indique M. Achaâri, qui regrette un intérêt commun négligé au nom d'intérêts individuels ou catégoriels. Il réclame un nouveau contrat social qui réactive l'ascenseur de l'égalité qui ranime l'espoir d'avenir et qui ne délimiter pas la part de liberté et d'autonomie individuelles. Il appelle à s'inspirer du parcours de Abderrahim Bouabid, ancien ministre de l'Economie nationale et des finances, qui avait à cœur l'indépendance politique et économique du Maroc et qui a marqué la trajectoire du pays. S'agissant du remaniement ministériel attendu, M. Achaâri s'est interrogé sur la capacité du gouvernement à remplir son rôle d'orienteur de la politique générale et de gestionnaire des actions et des situations. «L'Exécutif doit être un organe d'action collectif et solidaire, recevant son impulsion d'une composition homogène pour mener à bien les approches de développement, au lieu d'attendre la rente» a-t-il proclamé en substance, déplorant que «le secret des délibérations qui s'éternisent reflète une complète discordance de vues politiques et d'opinions, alors que les citoyens attendent la fixation de la nouvelle composition avec impatience.» Pour sa part, Ali Bouabid, chercheur et président de la fondation Abderrahim Bouabid a, dans son intervention, mentionné que la réforme enclenchée il y a 60 ans par la création de plusieurs institutions étatiques et financières n'a permis qu'une timide ouverture d'une économie dominée par l'activité agricole et d'une industrie animée presque entièrement par des capitaux étrangers. M. Bouabid a noté que les mêmes problèmes persistent depuis lors : une politique de développement qui ne favorise pas l'égalité des chances, le marché du lourdement touché par le chômage, les finalités de l'éducation non atteintes. Il a insisté sur la nécessité d'un nouveau contrat social qui préserve les liens entre l'éducation et la croissance, ainsi que l'expansion des secteurs de production qui permettent la création d'emplois permanents. Comment avancer alors que le contenu des politiques élaborées, pensées et discutées fait la moue à la bonne gouvernance ? s'est interrogé M. Bouabid qui appelle à cerner la mesure des écarts entre discours et pratiques, à l'heure où la saine articulation entre politique et économie dans les processus de développement est l'unique aubaine pour progresser.