Lancé pendant les années 80, le Crédit Jeunes Promoteurs (CPJ) semblait une aubaine pour les jeunes entrepreneurs porteurs de projets. Pourtant, cette initiative qui visait à promouvoir les TPME et entrepreneuriat s'est soldée par un échec cuisant. Depuis que le secteur public s'est retrouvé dans l'incapacité d'employer la totalité des demandeurs d'emploi, l'encouragement à la création d'entreprises s'est avéré d'une importance capitale. Depuis, d'autres formes d'accompagnement et de financement de la TPME ont vu le jour, certaines avec plus de succès que d'autres. Ces formes d'entreprises font le tissu économique d'un pays et les discours royaux pour les encourager sont sans équivoques. Les institutions concernées mettent-elles les outils et mécanismes nécessaires pour en faire des leviers économiques ? Les deux derniers discours royaux ont abordé l'importance des TPME, de la formation professionnelle ainsi que de l'encouragement de la classe moyenne. Ainsi, pour arriver à ces objectifs, des mécanismes d'encouragement, de financement et d'accompagnement ont dû voir le jour. Cette fois, il a fallu trouver des solutions qui marchent, puisque la conjoncture économique mondiale ne permettait pas d'infliger à l'économie marocaine plus de dégâts, à l'instar du Crédit Jeunes Promoteurs. En effet, le Crédit Jeunes Promoteurs (CJP) était un financement conjoint entre l'Etat et les banques destiné à soutenir la création d'entreprises pour les jeunes âgés entre 20 et 45 ans, porteurs de diplômes et d'idées de projets. Il couvre les investissements physiques, les frais de première installation, et les besoins en fonds de roulement. Le montant du Crédit alloué était fixé à un million de dirhams par personne pour un maximum de 3 associés. Si le demandeur n'a pas de qualification professionnelle ou de formation, il peut recourir au Crédit Jeunes Entrepreneurs (CJE) dont les modalités sont identiques à celle du CJP. La durée du crédit pouvait aller de 7 à 10 ans pour la part Banque et de 12 à 15 ans pour la part Etat. Selon les chiffres de l'Union générale des entreprises et professions (UGEP), le CJP a permis la création de 12.000 entreprises et de 38.476 emploisdepuis son démarrage en 1988 jusqu'à son arrêt en 1999. Les statistiques de l'UGEP montrent que seuls 1.900 dossiers ont été jugés «très contentieux». Ces dossiers contentieux ne témoignent pas à eux seuls de l'échec du programme CJP. En effet, si seulement 15% des dossiers représentaient de gros problèmes, beaucoup d'autres projets ont connu des difficultés auxquelles ils n'ont pas survécu. En effet, les conditions d'éligibilité au CJP étaient draconiennes. Arracher une décision positive de la banque et de la Commission du Ministère des Finances qui a sa part dans cette décision s'est avéré être une tâche difficile. Sur des milliers de dossiers présentés pour l'octroi d'un crédit, seulement 12.000 ont réussi à l'obtenir. Ces démarches d'obtention de financement étaient également entachées par une lenteur administrative qui pouvait aller de 3 à 4 mois entre le dépôt de dossier et l'octroi du crédit pour les projets validés. Le CJP a laissé un trou économique béant de 1999 à 2018. En effet, plusieurs promoteurs dont le projet a échoué se sont retrouvés dans l'incapacité de rembourser leurs crédit, ainsi que dans l‘impossibilité d'en contracter un nouveau en vue de commencer un autre projet. Finalement l'année 2019 sera l'année des TPME et ce grâce à des directives royales qui ont insisté sur l'importance de la promotion des TPME dans le tissu économique. La question du CPJ sera à moitié résolue dans le Projet de Loi de Finances 2019 où les créances de l'Etat relatives au CPJ, demeurées impayées au 31 décembre 2018 ainsi que celles exigibles au cours des années ultérieures sont annulées. Participant à hauteur de 65% aux prêts, l'Etat a ainsi épongé ses dûs fiscaux pour encourager les contribuables à assainir leurs dettes. Toutefois, si l'Etat a explicitement renoncé à part de la dette, le sort de celles revenant aux banques reste ambigu. En 2002, Maroc PME voit le jour. Depuis sa création jusqu'à aujourd'hui, elle a accompagné 1.273 TPME pour la réalisation de 1.709 projets d'investissement d'amorçage, de croissance ou de reconversion,, et d'assistance technique, accompagnés de la création de plus de 75.772 emplois pour un investissement global de 8 milliards de dhs. Ainsi, la réussite de ces projets est en fait due à un mécanisme de contrôle, initié par Maroc PME, et qui devrait, normalement, être adopté par tous les mécanismes de financement des PME et TPME. En premier lieu, il s'agit de diagnostiquer les besoins des TPME, ensuite, il s'agit de suivre les réalisations pour lesquelles a été octroyé le financement, et ce à travers des justificatifs : factures, dossiers d'importation…, et en dernier lieu, il s'agit de vérifié si les bénéficiaires ont respecté leurs engagements, notamment s'ils ont employé le nombre prévu d'employés, s'ils sont déclarés à la CNSS, entre autres. En février 2019, la Caisse centrale de garantie a lancé une nouvelle offre de financement destinée aux TPME. Une offre ambitieuse dans la mesure où elle couvre aussi bien leurs besoins de financement à moyen et à long terme que le renforcement de leurs besoins en fonds de roulement. Vu qu'elle a été lancée il y a moins d'un an, il n'y a pas encore de données et de chiffres concrets pour mesurer la portée de cette initiative dans la promotion des TPME. Puis en avril 2019, Bank-Al Maghrib (BAM), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ont décidé d'élaborer un plan d'action visant à renforcer les mécanismes d'accompagnement et de proximité des entreprises mis en place par les banques, et de développer les modes de financement comme l'affacturage pour alléger les contraintes induites par les délais de paiement, qui ont été l'un des facteurs d'échec du CJP. Ces mesures restent trop récentes pour être évaluées justement, mais, lors de sa réunion trimestrielle du 24 septembre, Bank Al-Maghrib a confirmé que les blocages dans la situation des crédits relèvent surtout des délais de paiement qui plombent la trésorerie des entreprises et à la baisse des carnets de commande.