Le mastodonte des télécoms Huawei annonce ce mercredi 29 mai qu'il allait demander à un tribunal américain d'annuler l'interdiction faite aux administrations fédérales d'acheter ses équipements et services et de travailler avec des entreprises tierces qui sont ses clientes, jugée anticonstitutionnelle. « Cette loi établit directement que Huawei est coupable et impose un grand nombre de contraintes à Huawei, dans le but évident de chasser Huawei du marché américain», rappelle Song Liuping, responsable juridique de l'entreprise, dans un communiqué publié par la télévision centrale de Chine, CCTV. Cette annonce faite aujourd'hui, intervient au moment où le groupe chinois est considéré leader mondial incontesté de la 5G, la cinquième génération de réseaux mobiles. Outre le fait d'écouler ses téléphones, se retrouver sur la liste noire américaine prive les produits Huawei de composants fabriqués aux Etats-Unis. Par ailleurs, cette nouvelle demande de Huawei, aux allures d'un référé, exige une décision rapide permettant de préserver ses droits. Selon les media américains, Qualcomm et Intel, qui figurent parmi les plus importants producteurs de puces électroniques, ont déjà annoncé qu'ils ne fourniraient plus le groupe chinois, à l'issue de la période de sursis de quatre-vingt-dix jours accordée par la Maison Blanche. Ces restrictions menaceraient même la survie même de l'entreprise: Huawei dépend largement pour ses téléphones de composants fabriqués aux Etats-Unis : «Nous pourrions rater notre objectif de croissance mais nous continuerons à grandir. Être capables de croître dans l'environnement le plus hostile reflète notre force», a déclaré Ren Zhengfei, président-directeur général de Huawei Technologies, dans une interview accordée à Bloomberg samedi dernier. Au niveau européen, le week-end dernier, les ventes de smartphones du chinois auraient «légèrement fléchi». Ce ralentissement de la croissance risque de priver Huawei de sa deuxième place mondiale, au profit d'Apple. Pour rappel, le géant chinois avait déposé une première plainte en mars au Texas, estimant que le Congrès américain n'avait jamais pu fournir de preuves pour justifier les restrictions «anticonstitutionnelles» visant la compagnie pour espionnage au profit de Pékin. D'un autre côté, Ren Zhengfei dans la même interview accordée à Bloomberg, évoque également, la dernière sortie publique de Donald Trump, le 23 mai dernier, où il lie le destin de Huawei à la signature d'un accord commercial avec la Chine, ironisant : «Comment pourrons-nous être liés à un accord commercial entre les USA et la Chine ?», ajoutant : « je vois ses tweets et pense que c'est risible parce qu'ils sont contradictoires ».