Elle avait 26 ans, « un peu paumée », « extravertie », « buvait de l'alcool » et se faisait appeler la « femme cow-boy » en référence au grand chapeau qu'elle avait l'habitude de porter. Hasna Aitboulahcen avait le profil de « madame-tout-le-monde », et pourtant, acculée par les forces spéciales françaises lors d'un assaut, mercredi 18 novembre, dans un appartement de Saint-Denis (France), la jeune femme s'est faite exploser. Française d'origine marocaine, Hasna Aitboulahcen est ainsi devenue la première femme kamikaze à agir sur le sol français et en Europe. « Il est où ton copain? » … « ce n'est pas mon copain » (Vidéo TF1) https://www.youtube.com/watch?v=CIMa77zXiRw Ces mots, comme le montre la vidéo amateur filmée par un habitant de Saint Denis, sont les derniers échangés entre les policiers du Raid et Hasna Aitboulahcen. Des coups de feu, puis une forte détonation, la jeune femme aurait été emportée par la déflagration de son gilet explosif. C'est d'ailleurs grâce à son téléphone, qui était sur écoute, que la police a pu découvrir la planque du commando démantelé à Saint Denis. Celle qui n'a jamais caché son admiration pour Hayat Boumedienne, veuve d'Amédy Coulibaly, auteur de la prise en otage perpétrée le 9 janvier 2015, à l'Hyper Casher à Paris, était décrite comme une obsédée du Djihad. Elle a, à maintes reprises, fait part de son envie d'aller combattre en Syrie ou en Irak, une « Hijra » qu'elle n'a jamais eu l'opportunité de faire. Hasna Aitboulahcen avait posté, le 11 juin dernier, une photo sur les réseaux sociaux, accompagnée du commentaire suivant, fautes d'orthographe comprises : « Jver biento aller en syrie inchallah, biento depart pour la turke ». Connue notamment pour trafic de stupéfiants, la jeune femme avait des attaches à Creutzwald, en Moselle, où vivait son père. Elle avait « disparu des radars de la région » depuis 2013 mais se serait faite remarquer en « menaçant, à plusieurs reprises, l'Etat français ». D'ailleurs, selon les informations de la radio ‘Europe1', les » forces de l'ordre ont massivement fouillé, mercredi soir, cette commune de 13.000 habitants, pour tenter d'en apprendre plus sur elle ». Daesh et ses drôles de dame Née en 1989 à Clichy-La-Garenne (Hauts- de-Seine, en France), la cousine germaine d'Abaaoud, le cerveau présumé des attentats du 13 novembre à Paris, était gérante de la société Beko Construction, spécialisée dans le bâtiment et la maçonnerie, à Creutzwal, en Moselle. Selon la chaîne télévisée BFMTV, l'entrepreneuse aurait abandonné son poste en décembre 2013, l'époque où Abdelhamid Abaaoud a rejoint les rangs de l'Etat Islamique (EI) en Syrie. Hasna Aitboulahcen n'est pas la première femme à mourir en martyr, au nom de l'Islam. Le titre revient à Muriel Degauque, une belge de 38 ans, qui s'est faite exploser, en proximité d'un convoi américain, le 9 novembre 2005 à Baghdad, en Irak. Une enfant de Charleroi, qui y travaillait entant que serveuse puis boulangère, avant de se faire endoctriner par son troisième mari, Issam Goris. Ce dernier sera tué quelques jours plus tard par l'armée américaine, alors qu'il participait à une autre action kamikaze.