Tout récemment encore, lorsqu'on invoque l'organisme de la police tout comme les forces de l'ordre on les associait à des « constantes » liées à l'abus de pouvoir, aux restrictions sur les indemnisations financières, à l'inexistence des services sociaux et à la non-préparation pour affronter les divers crimes de la rue. Qu'est-ce qu'il a trouvé de mieux l'ancien ministre de l'Intérieur, Driss Basri, à mettre sous la dent pour affronter cette situation. Rien de probant si ce n'est un jeu de mots insinuant que les policiers vivaient viscéralement dans le giron de la population. Une manière d'anticiper ce qui allait être qualifié d'ère de dépravation. Or, en réalité ce corps a supporté à lui tout seul le poids conséquent de la sauvegarde de l'ordre public pendant la 1ère Guerre du Golf, au même titre que les déséquilibres au pic des tensions sociales de ces années quatre vingt-dix. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, rien ne changeait réellement. La police restait pourtant en l'état malgré la succession des politiques et des politiciens et en dépit de la nomination de nouveaux directeurs centraux. Le QG de la police à Rabat, pour commencer, datant des années cinquante survivait ça et là aux aléas de la vie et continuait à fonctionner alors qu'à la base l'organisme de la sûreté se taillait à peine un quota de mille individus. Ajouter à cela la tenue de fonction de la police qui avait de la peine à bouger, en dépit de l'évolution notoire du stylisme et de la couture dans le monde. Pareillement pour les véhicules de transport qui sont restés attacher à l'ancienne identité visuelle, malgré son usure et son vieillissement. L'agent de police quant à lui se dévouait comme il pouvait dans cette routine constante et se voyait infliger un sort de fonctionnaire du bureau sans aucune imprégnation particulière ni de l'esprit ni de la philosophie de la fonction sécuritaire. Cette situation ubuesque n'était-elle pas en contradiction avec le cadre de travail même de l'agent de police qui est censé être responsable de l'application de la loi, un moteur du développement et un garant du climat de sûreté nécessaire en vue que tout un chacun jouisse des droits et libertés dus…plus encore le policier est un homme vêtu certes de l'uniforme de l'autorité mais qui est proche des citoyens. Où commence la réforme? Ce n'est pas pour rien que l'hebdomadaire Tel Quel avait décrit l'appareil de police en 2013 de « Grand homme malade », insinuant que cet organisme endurait des maux enracinés en multitude. La coupe était pleine et la goutte qui allait faire déborder le vase émanait des nouvelles plateformes qui lancèrent une série de campagnes du genre: « campagne de Tchermil », « campagne zéro graissage » et autres. Ce furent des campagnes qui appelaient de leurs vœux à l'établissement de la sécurité et ne s'étaient jamais dressées contre la police. Elles étaient suscitées par un spectre de peur du crime plus qu'elles n'émanaient d'une réelle menace liée au crime. Force est de constater que la nomination d'Abdellatif Hammouchi est imprégnée forcément de ces contingences marquées par le dilemme de la déconfiture de l'appareil de police d'un côté, et des indélicatesses de l'escalade des menaces de crimes et de terrorisme de l'autre côté. Immédiatement, les partisans pariaient sur l'expérience de l'homme dans la gestion de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DST) où il a particulièrement brillé en avortant les plans successifs de déstabilisation, accédant ainsi à la confiance royale, ce qui le prédisposait selon eux à un succès éclatant dans sa nouvelle mission à la tête de l'appareil de police. Par opposition, les moins optimistes l'ont vite enterré arguant qu'il ne s'agirait que d'une période d'essai, un break de stagiaire qui ne défraierait aucunement la chronique. Mal inspiré de l'image d'Epinal de cet organisme ils ne fondaient guère d'espoir sur un changement radical, tant l'appareil de la police semblait hostile à toute réforme ou modernisation. Qu'à cela ne tienne, le nouveau DG baisse la tête et fonce. Une source sécuritaire confie à Barlamane.com que l'ère Hammouchi déborde désormais de branle-bas de combat de tout genre : opération d'audits, commission d'inspection au niveau central et régional, conseil de discipline. En tombant les sanctions ratissent large et touchent jusqu'aux Walis et autres Contrôleurs généraux dont un certain nombre briguaient des postes de directeurs centraux. Bien évidemment, ces actions et mesures s'accompagnaient d'une approche communicationnelle et d'un souci médiatique avéré pour rendre compte de la situation. Cet accompagnement médiatique, souligne notre source policière, rend compte de l'état d'esprit du nouvel organisme qui tient d'emblée à informer l'opinion publique sur les réalisations en matière de moralisation de la fonction publique de l'appareil sécuritaire. Sachant que ladite opinion publique est le premier bénéficiaire du service de la police. Cette approche communicationnelle tend aussi à atteindre à l'objectif de la dissuasion générale et ciblée dans les rangs des fonctionnaires de la police nuançant ainsi entre deux ères différentes de la police, celle d'hier et celle à laquelle on aspire aujourd'hui. Cette batterie de mesures bien notées dans la case « Bonne Gouvernance » est considérée dans les trois ultimes publications annuelles de l'organisme de sécurité comme ayant conduit au succès de la rationalisation des dépenses. Rationalisation qui a permis d'éponger les dettes et autres arriérés à la charge de l'organisme étatique ayant atteint le seuil de 13 milliards de centimes. Car, comment concevrait-on d'établir la sécurité par un organisme qui aspire à l'excellence, mais a du mal à régler les factures de ses fournisseurs et de ses collaborateurs en divers services. « Tous les arriérés ont été payés, entonne notre source. En plus 90% du parc automobile ont été renouvelés. On n'a pas non plus hésité à virer les vieilles carrosseries « Partner » ou « Trafic » qui étaient fermées aux cadenas, les deux roues usées, toutes dûment remplacées par des véhicules à l'identité visuelle à la hauteur des aspirations du citoyen marocain. Relookage de l'image de l'organisme Force est de constater qu'Abdellatif Hammouchi a parié sur le changement de la représentation mentale de l'appareil de la police et du fonctionnaire des forces de l'ordre dans la perception du citoyen. Aujourd'hui on peut d'ores et déjà affirmer qu'il a réussi son pari. Comment cela? A l'entame de la réforme transversale on a jugé bon de la démarrer par le relookage vestimentaire de toutes les unités et les équipes policières, plaçant le policier dans la place qu'il lui échoit, afin de refléter l'image de l'agent d'autorité et du serviteur de la loi digne. Aussi a-t-on pensé pour la première fois de l'histoire de l'institution construire un QG à même de rassembler tous les services de la police marocaine. Ceci en plus de la construction de structures dédiées aux wilayas et autres locaux de sécurité aux normes modernes au lieu de louer des appartements insalubres pour abriter les districts et les services sécuritaires. A ce sujet, notre source policière nous apprend que les arrondissements de la police sont restés non dotés de voitures de service pendant soixante ans. Ils comptaient sur les véhicules du corps urbain lorsqu'ils se libéraient pour vaquer à leurs occupations, sinon ils se servaient de leurs voitures particulières. Maintenant, l'avènement d'Abdellatif Hammouchi a vu les 500 arrondissements du territoire national se doter de voitures modernes et sophistiquées. Plus encore, toutes les unités de sécurité disposent désormais d'une flotte propre à elle, avec couleurs distinctives et indications fonctionnelles sur la nature de leurs missions. « Non seulement l'image globale de l'appareil a changé, mais le Directeur Général a aussi parié sur la modification de la philosophie du travail », fait remarquer le représentant l'appareil de la police. Notre interlocuteur ajoute aussi que la charte de l'éthique policière dispose à présent d'un préambule enrichi par quelques 28 articles. Plus de la moitié du texte est consacrée au renforcement des principes des Droits de l'Homme et des mécanismes du respect des libertés individuelles et collectives. Il y est même question de la technique de gestion des foules lors de ce qu'on appelle les opérations du maintien de l'ordre dont certains profitaient autrefois à des fins occultes, comme de porter préjudice aux acquis des droits humains engrangés par notre pays. L'administration de Hammouchi lui a consacré un nouvel équipement consistant à procéder à la dispersion des regroupements sans frottement ni contact direct avec les manifestants. Elle a privilégié recourir aux camions lanceurs d'eau au lieu des moyens traditionnels. Le but derrière étant d'assurer un certain équilibre entre le devoir de sécurité qui est de sauvegarder l'ordre public d'un côté, et l'assurance de la prééminence des droits et libertés d'un autre côté. En terme bien clair, le relookage de l'image s'est accompagné d'une prise en charge en bonne et due forme de l'agent de police et de sa situation sociale. C'est ainsi que la nouvelle direction s'est empressée de consacrer une indemnisation mensuelle et régulière aux fonctionnaires classés aux grades inférieurs et médiums. Il faudrait signaler au passage que cette indemnité a profité à 90% des fonctionnaires, sans oublier l'assainissement de l'avancement en grade en retard de quatre ans au profit de 35 000 agents, soit plus de la moitié de l'effectif des forces de l'ordre. Soulignons également le lancement d'une batterie de services de santé et d'actions sociales intégrées, impossibles à imaginer il y a encore quelques années. Efficacité interne et rayonnement à l'international Jamais dans les annales des services de sécurité en Afrique du nord ou en région « Mena » on a enregistré autant de prises record que celles réalisées par la police marocaine pendant les trois dernières années. Les données officielles de la Sûreté Nationale font état de la saisie de plus de 3 millions de comprimés psychotropes dont la moitié est de type extasie originaire des Pays Bas. Ce qui dénote une performance notoire dans la guerre lancée par la police marocaine contre les substances psychotropes, en totale coordination avec la DST. En 2012, à titre d'exemple, la saisie totale de l'extasie s'est limitée à 1000 comprimés. Alors qu'en 2018, la saisie de cette substance a avoisiné un million de compris. C'est-à-dire la prévention de près d'un million de crimes violents si l'on tient compte du fait que la consommation d'un seul comprimé de cette substance conduit le consommateur à un acte criminel du fait de la perte du sens de l'auto-contrôle et de la perception des choses. Dans le même registre, la sûreté marocaine, considérée il y a encore cinq ans comme un « grand homme malade », a triomphé dans sa bataille contre la cocaïne et a vaincu la Mafia qui s'ingéniait à changer la cartographie de la drogue dans le monde. Les services de sécurité ont saisi, rien que lors des trois dernières saisons, plus de 6 tonnes de cocaïne, causant au passage une perte sèche estimée à plusieurs milliards de dirhams dans les caisses des cartels de la cocaïne. Ainsi, l'organisation mafieuse a-t-elle renoncé à parier sur l'Afrique occidentale et sur le Maroc comme pays de transition en vue de s'emparer des marchés européens. Notre source nous a aussi confié l'incapacité naguère de la police marocaine à faire face à la criminalité aux ressorts compliqués, en raison de la limitation des moyens et de la faiblesse des ressources. De nous jours la donne a changé, et il n'y a plus d'affaires criminelles classées ou enregistrées contre X. Le crime du café « La Crème », malgré sa complexité, a été élucidé en quelques heures. L'homicide du parlementaire Abdellatif Medrasse n'a pas non plus dévié de la ligne en dépit de ses sombres ramifications…etc. En vertu de cela, le pourcentage des réprimandes a atteint un niveau de 92%. Ce qui est un indicateur record que la police ne saurait atteindre sans ce tournant introduit par la réforme globale et profonde que ce service public a connu récemment. Au plan international, la police marocaine est désormais considérée comme un acteur privilégié agissant dans l'animation des mécanismes de la coopération sécuritaire internationale. Aussi bien dans la lutte contre la criminalité internationale organisée, que dans la traque des personnes recherchées à l'international, que dans la mise en œuvre des techniques spéciales telle que la livraison contrôlée de la drogue et les Multi enquêtes communes à plusieurs services de sécurité internationaux, spécialement européens. A cet égard, la police marocaine est parvenue à offrir de précieuses proies à un certain nombre de services de sécurité dans le monde. Pour ce faire, elle a interpellé des individus à la tête de réseaux de la criminalité internationale aussi bien que des barons de cartels du commerce de la drogue. Dans ce registre, elle a, à titre d'illustration, interpellé l'individu italien prénommé Antonio Prinno, et qui se présentait comme un des tous premiers leaders du réseau criminel connu sous le nom de « Mazzarella », filiale de l'organisation criminelle « la Gomorra ». Ce coup de maître a été qualifié par le ministre italien de l'Intérieur de « Présent » de la part de la police marocaine. On peut encore attester de l'efficacité de la police marocaine par l'arrestation du citoyen espagnol, le dénommé : El Ruso, l'individu le plus recherché par la justice et qui a dûment été présenté aux autorités policières ibériques. Ce dernier était condamné à 58 ans d'emprisonnement en Espagne dans des affaires d'homicide volontaire avec préméditation, d'enlèvement, de séquestration et de s'être échappé d'un établissement pénitentiaire. Pour ce faire, il a usé de la violence afin de prendre la poudre d'escampette et de tromper la vigilance de la Guardia civile au 1er novembre 2018. Ceci préfigure un certain nombre d'indicateurs sur la voie de la réforme globale et profonde de l'organisme de la police, conclut notre interlocuteur dans sa déclaration à Barlamane.com. Il a en fin rappelé que l'objectif fixé à présent c'est de réussir à hisser l'appareil de la police au rang de l'institution-citoyenne aux dimensions du service public, au seul but de fournir un service sécuritaire empreint de qualité.