L'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty International (AI) s'en est prise à la politique d'immigration poursuivie par les pays européens, notamment ceux ayant érigé des clôtures pour empêcher les migrants de passer. Dans un rapport publié mardi 17 novembre et intitulé « Peur et barbelés », Amnesty souligne que la décision de construire des clôtures le long des frontières, a poussé ces migrants à se lancer dans des traversées maritimes mettant leur vie en danger. Selon cette ONG, les Etats membres de l'UE ont construit plus de 235 kilomètres de clôtures le long de certaines frontières extérieures de l'Union – ce qui représente un coût de plus de 175 millions d'euros. Parmi ces clôtures figure celle de 175 kilomètres longeant la frontière entre la Hongrie et la Serbie, une autre de 30 kilomètres le long de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, qui doit être prolongée de 130 kilomètres, et celles de 18,7 km de clôture séparant les présides occupés de Sebta et Melillia du Maroc, et enfin la clôture de 10,5 km dans la région de l'Evros, en Grèce, longeant la frontière avec la Turquie. Au lieu d'empêcher les gens de venir, ces clôtures ont réorienté les flux de réfugiés vers d'autres itinéraires terrestres ou des itinéraires maritimes plus dangereux, estime Amnesty. L'ONG cite ainsi le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), selon lequel, le nombre d'arrivées dans l'UE par la mer cette année s'élevait à 792 883 début novembre, contre 280 000 arrivées terrestres et maritimes enregistrées par Frontex, l'agence de gestion des frontières de l'UE, pour l'ensemble de l'année 2014. Jusqu'à présent cette année, 647 581 personnes ont gagné la Grèce par la mer, et 93 % d'entre elles arrivaient de l'un des 10 principaux pays de provenance des réfugiés dans le monde, selon le HCR. Par ailleurs, au 10 novembre, 512 personnes avaient perdu la vie dans la mer Egée cette année et près de 3 500 dans la Méditerranée. Dans son rapport Amnesty souligne également qu'afin de s'assurer que réfugiés et migrants restent bien hors d'Europe, l'UE et ses Etats membres se tournent de plus en plus vers des pays tiers en faisant peser sur eux la responsabilité de filtrer les entrées, citant à cet égard le Maroc et la Turquie.