Il ne faut pas jeter la pierre à TVM et à 2M. C'est la faute au séisme qui a frappé Al Hoceïma sans crier gare et choisi de surcroît une heure indue pour faire des ravages. C'est peu dire que la télévision publique nationale avec ses deux chaînes a raté la couverture du tremblement de terre qui a frappé dans la nuit du lundi à mardi Al Hoceima et sa région. Avides d'informations et surtout d'images dans ce genre de situations, les téléspectateurs marocains ne trouveront rien de cela pendant toute la matinée du jour de la catastrophe sur les deux petits écrans où l'incurie était par contre magnifiquement grande. La chaîne d'Aïn Sebaâ ne commencera à diffuser les images du drame que lors du journal télévisé de 13 heures 45. Des images qui du reste n'étaient pas tellement significatives. Ensuite plus rien. La chaîne a repris son cours télévisuel normal. Les recettes de cuisine de Choumicha et des feuilletons syriens et mexicains. Comme si de rien n'était. Comme si le pays n'était pas bouleversé. Zappez, il n'y a rien à voir! La chaîne de Dar Brihi diffusait, elle, un documentaire sur la nature. Croyez-vous que les responsables eurent le réflexe d'interrompre ce programme pour annoncer la nouvelle du drame ? L'information-événement a été reléguée en bas de l'écran. Même pas un speaker pour annoncer en chair et en os le drame qui se jouait à Al Hoceïma depuis plusieurs heures. Tout se passe comme si rien ne devait chambouler la programmation de la télévision ( et quelle programmation !) prévue d'avance. Suivant cette logique, une information chaude et urgente qui concerne en plus toute une nation n'a pas de place dans les télévisions marocaines car elle a le don désagréable de déstabiliser la routine où elles se sont confortablement installées. Il aurait fallu que 2M et TVM, qui vivent en partie grâce à une redevance payée par le peuple marocain , soient informées d'avance que Al Hoceïma serait victime d'un tremblement de terre. Comme ça, ils ont le temps de se préparer suffisamment pour la couverture de l'événement sous toutes les coutures. C'est la faute donc au séisme qui a frappé sans crier gare et choisi de surcroît une heure indue ( 2 heures et demie du matin). L'absurde dans toute sa splendeur. Heureusement qu'existent les télévisions satellitaires étrangères dont certaines- c'est le cas des télévisions espagnoles- ont réagi instantanément en donnant l'information une demi-heure après le drame et en montrant les images quelques heures plus tard, vers 6 heures. Pour compléter le tableau, aucun responsable gouvernemental n'a réagi à la télévision pendant les premières heures qui suivirent la catastrophe. À commencer par le ministre de la Communication que des téléspectateurs ont surpris en début de soirée de ce mardi noir sur une télévision française et non pas marocaine en train de parler de la catastrophe. Nabil Benabdallah doit nous expliquer, lui qui a pris l'habitude jusqu'ici de ne rater aucune occasion pour passer sur TVM et 2M, pourquoi il a préféré s'adresser sur cet événement majeur à une TV étrangère plutôt que de s'exprimer sur les deux chaînes marocaines. S'agit-il d'un changement de stratégie communicationnelle de la part d'un ministre qui aime tellement les feux de la rampe qu'il confond la fonction de porte-parole du gouvernement avec sa communication personnelle? M. Benabdallah aurait-il compris qu'il avait plus de chances au sujet de la tragédie d'Al Hoceïma d'être aperçu en parlant devant une caméra non pas nationale mais étrangère ? Une chose est sûre : 2M et TVM, sous la férule de Nabil Benabdallah, ont renforcé le nouveau concept d'éloignement. Loin de la télévision. Loin des Marocains. Loin de tout. Une autre planète.