Imperial Tobacco Maroc (ITM), la 6ème plus grande entreprise marocaine et la première dans le secteur agroalimentaire, est sérieusement inquiète vis-à-vis du projet de loi de Finances. Selon cette firme, ce projet, s'il est adopté tel quel, menace non seulement les recettes de l'Etat, mais sera destructeur pour la tabaculture au Maroc et toutes ces familles qui vivent de cette activité. Ce sera également une grande niche de propagation de la contrebande des cigarettes. Que propose ITM à l'Etat comme alternative ? Seul fabricant du tabac manufacturé au Maroc, ITM produit localement 95% des cigarettes vendues sur le marché officiel. Cette entreprise, unique sur le marché bien que ce dernier soit ouvert depuis 2005, s'approvisionne en tabacs bruts auprès de plus de 3.000 planteurs. «Les revenus versés aux planteurs au titre de la précédente campagne agricole se sont élevés à plus de 50 millions DH», note Jaime Giles Robles, directeur des affaires juridiques et corporatives. Cette même source insiste sur le fait que les subventions aux agriculteurs en Europe seront bientôt supprimées, «une réduction de la production sera observée, et notre marché devra être en mesure de couvrir les besoins des industriels et fournir ce tabac dont l'Europe a besoin». En effet, pour Paul Legatt, président du directoire d'Imperial Tobacco Maroc, la libéralisation qu'entend opérer le gouvernement sur le marché du tabac menace la production nationale. «Si cette compagnie disparaît, plusieurs emplois seront perdus. D'autant plus que si l'Etat continue d'augmenter la charge fiscale sans que les revenus des consommateurs suivent, il y a un réel danger de prolifération des circuits illégaux de vente et causera une réduction de la valeur du marché légal». Il est à noter, à ce titre, que le Maroc demeure le pays qui a le plus de charges fiscales au monde par rapport au revenu per capita du Marocain moyen pour ce qui est des cigarettes. Le consommateur paie 68% sur le prix en termes d'impôt. «Le gouvernement entend augmenter ses recettes. Nous doutons amplement qu'il arrivera à ce but en augmentant la taxe ou en libéralisant le marché», indique Jaime Giles Robles. Dans ce sens, ITM propose à l'Etat de continuer sur le même système qu'il a toujours adopté, et de laisser une marge de cinq autres années afin d'adapter la tabaculture marocaine aux marchés étrangers. «Autrement, ceci aura un effet destructeur», note Giles Robles. D'autant plus que cette libéralisation fera venir des marques qui «vont faire du dumping économique. Nous aurons à la fois détruit l'industrie locale et ouvert les portes aux produits bas de gamme». De ce fait, le DG d'ITM propose au gouvernement de passer par une période transitoire pour permettre d'aligner la législation et rééquilibrer le marché. Il promet ainsi au gouvernement de lui faire «doubler ses recettes tout en protégeant la chaîne de production nationale». Qu'en adviendra-t-il ?