Le ministère de la santé livre une rude bataille contre la mortalité maternelle et infantile. L'objectif fixé est de réduire la mortalité maternelle de 112 à 50 décès pour 100.000 naissances vivantes et la mortalité néonatale de 19 à 12 décès pour 1.000 naissances vivantes à l'horizon 2016. Quant à la mortalité infanto-juvénile, le ministère de la santé souhaite parvenir à 20 décès pour 1.000 naissances vivantes. Mais le défi reste de taille. Chaque jour, sur 1.775 femmes qui tombent enceintes, 266 nécessitent une intervention obstétricale d'urgence et 2 femmes en meurent. La situation n'est guère réjouissante en matière de mortalité infantile. En effet, 54 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dont 51 avant l'âge de 1 an et 33 avant d'atteindre l'âge d'un mois. La mortalité néonatale continue de représenter près de 62% de la mortalité infanto-juvénile. Le faible poids à la naissance, l'asphyxie néonatale et l'infection en constituent les principales causes. Les résultats d'une étude réalisée en 2011 au niveau des CHU, avaient révélé quatre causes principales des décès néonatals : la détresse respiratoire qui représente 29,5% des cas de décès, les infections (25%), la prématurité (19,65%) et l'asphyxie périnatale (9,77%). Si les derniers rapports du Haut-Commissariat au Plan (HCP) et du ministère de la santé ont confirmé des progrès réalisés, il n'en demeure pas moins que les inégalités entre le milieu urbain et rural restent flagrantes. Et pour preuve, le ratio de mortalité maternelle entre les milieux urbain et rural varie entre 73 et 148 décès pour 100.000 naissances vivantes. Des inégalités également visibles au niveau de l'accès aux soins obstétricaux d'urgence. Les accouchements assistés par un personnel qualifié concernent surtout le milieu urbain avec 92% contre seulement 55% en milieu rural. Pour réduire ces iniquités et les taux de mortalité infantile et maternelle, le ministère de la santé a élaboré un plan ambitieux. Ce plan quinquennal (2012-2016), présenté jeudi 27 septembre par Lhoussaine Louardi, ministre de la santé, comprend 51 mesures réparties sur 10 axes d'intervention: 4 axes portent sur la réduction de la mortalité maternelle et les six autres sont destinés à accélérer la réduction de la mortalité néonatale (voir encadrés p 5). Le nouveau-né est particulièrement ciblé dans ce plan d'action, dans la mesure où la néonatalogie a toujours été le parent pauvre des actions du ministère de la santé dans les années antérieures. A travers ce plan, le ministre de la santé entend étendre la couverture par les soins obstétricaux et néonatals d'urgence. Le but est d'atteindre 90% de couverture en consultation prénatale (CPN) et 90% d'accouchements en milieu surveillé. Le ministre souhaite réduire le nombre de césariennes pratiquées en favorisant l'accouchement par voie basse qui a fortement diminué durant ces dernières années. Le plan d'action quinquennal prévoit un taux de césariennes de 10%, ce qui est conforme aux normes de l'OMS qui, rappelons-le, recommande des taux entre 5 et 15%. Le ministère de la santé a pour ambition d'atteindre 95% de couverture en consultation du post-partum (CPP) et de maintenir un taux de prévalence contraceptive chez les femmes mariées en âge de reproduction supérieure ou égale à 67%.