Le ministre de la santé s'est expliqué, vendredi à Rabat, au cours d'une conférence de presse, sur le bras de fer qui l'oppose aux infirmiers hostiles à son projet d'ouvrir les concours d'admission à la fonction publique aux lauréats des écoles privées. A ces derniers qui faisaient remarquer que la promotion d'infirmiers formés dans le secteur public l'année dernière n'a toujours pas trouvé embauche pour qu'il soit nécessaire d'en appeler au privé, Lhoussaine Louardi a répondu que l'égalité devant l'emploi exige que tous soient placés sur le même pied dès lors que les méthodes de formation sont semblables et que les conditions d'accès au concours sont les mêmes pour tous. Il a toutefois laissé entendre qu'il ne désespérait pas de trouver un moyen terme avec ses contradicteurs. Il a déclaré que les discussions se poursuivaient afin de parvenir à une solution qui satisfasse les uns et les autres. Le ministre qui était entouré de ses principaux directeurs a également annoncé la mise en œuvre de sa politique de santé mentale. Annoncée comme l'une des grandes priorités de la stratégie sanitaire du gouvernement, avec la refonte des services des urgences, cette action commande d'accorder le plus grand intérêt à «des troubles jusque-là traités en maladies honteuses». M. Louardi qui considère que «la santé psychique est un problème de santé publique au Maroc» a déclaré qu'un habitant âgé de plus de 15 ans sur quatre souffre de dépression tandis que quelque 200.000 sont schizophrènes. Cet inquiétant tableau est aggravé pour le fait que le pays compte quelque 300.000 alcooliques et plus du double de personnes pâtissant d'addiction aux drogues. Pour faire face à cette situation, le ministre envisage de doter le programme des maladies mentales et psychiques d'un budget de 35 millions de dirhams et de consacrer 50 millions à leur pharmacie. Il a affirmé que le ministère compte travailler à résorber le déficit en lits constaté au niveau de cette spécialité en le portant du seuil de 2.234 actuellement à 3.000 avant la fin de 2016. Il a annoncé la construction de 3 hôpitaux régionaux et la création de 27 services de soins des maladies mentales et psychiques au sein des unités polyvalentes. Le ministre s'est également engagé à ce que 150.000 malades profitent gratuitement de soins au sein des unités publiques et a promis de travailler à augmenter de 20% le nombre des bénéficiaires du système de protection de base. Il a aussi dit sa volonté d'élargir le programme de lutte contre les dangers de la drogue pour englober 8.000 personnes à l'horizon 2016. Il a, en outre, déclaré son intention de promouvoir la prévention précoce des troubles mentaux et psychiques au moyen notamment d'une formation de base des personnels de santé dans les unités de premier contact. Le ministre qui a semblé navré des charges de la presse contre les actions engagées par son ministère a invité les médias à vérifier leurs informations avant d'en anticiper les résultats. «Nous aurons d'autres réunions comme celles-ci, et quoi qu'il en soit, les services de ce ministère vous sont grands ouverts», a-t-il déclaré en substance.