Elle a vu le jour le 16 janvier 1996. Bref, Fatima. B, est encore mineure. Elle n'a pas encore ses dix-sept ans. Et pourtant, elle s'est déjà mariée. Seulement son mariage n'a pas duré plus de deux mois et demi ! Est-elle devenue veuve ? Ou, a-t-elle été divorcée ? Ni l'un ni l'autre. Elle s'est retrouvée noyée dans un puits, la nuit du lundi 27 août, au douar Ouled Khayi, commune rurale de Sidi Tigui, Caïdat Tlat Sidi Bouguedra, province de Safi où elle a passé une très courte durée, en compagnie de son mari. Nous sommes au douar Lahdat Ighoud, dans la province de Youssoufia, à quatre-vingt-dix kilomètres de Safi. C'est ici qu'elle est née dans une famille très indigente et qui ne dispose même pas d'un petit champ agricole. Son père est un fellah qui gagne sa vie en travaillant chez les propriétaires de terrains agricoles dans la région. En fait, Fatima ne savait rien au-delà de son douar où les maisons sont dispersées. Son monde était très petit, réduit à ses parents et ses frères et sœurs et ce qu'elle voyait dans la télévision. Vu les kilomètres qu'elle devait parcourir pour arriver à l'école, elle a préféré rester chez elle, même analphabète. Puisqu'elle paraît beaucoup plus que son âge, la famille d'Omar A., qui demeure au douar Ouled Khayi, est venue la demander en mariage. «Fatima ne pouvait pas décider de son sort. Ce sont ses parents qui ont décidé pour elle et la marier à Omar» explique à ALM l'une de ses cousines. Cette dernière a précisé, dans un entretien téléphonique, que Fatima avait rejoint son mari, après avoir célébré la nuit de noces, le samedi 2 juin. «Elle était pleine de joie», précise sa cousine qui a assisté à la fête. «Le jour de l'Aïd El Fitr, elle a raconté à sa mère qu'elle ne se sentait pas bien avec sa belle famille», a ajouté un de ses cousins. Celui-ci a précisé qu'elle ne se plaignait pas de son mari, mais de ses parents. Lundi 27 août, vers 21h00, on a retrouvé son corps dans un puits situé juste à l'entrée du domicile de sa belle-famille. S'agit-il d'un suicide ? C'est l'hypothèse que le mari, Omar, et la belle-famille avancent. Les éléments de la gendarmerie royale de la région se sont dépêchés sur les lieux, ainsi que les éléments de la police scientifique et des sapeurs-pompiers. Selon une source proche de l'enquête, des traces de violences ont été constatées sur le cou et sur d'autres parties du corps. S'agit-il des coups et blessures qui ont causé la mort ? Rien n'est sûr. Le cadavre est encore entre les mains des médecins légistes de l'hôpital Mohammed V à Safi. Et dans dix jours, le rapport sera mis sur le bureau du parquet général près la Cour d'appel de Safi.