Dix mois après son évasion de l'hôpital Mohammed V à Safi, le détenu, qui purgeait une peine de trente ans de réclusion criminelle pour avoir mis le feu dans un souk et pour homicide volontaire, a été arrêté chez lui. C'était en juin 2007, quand Abdelmajid Nâaymi a comparu, en état d'arrestation, devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Safi. L'accusation de ce jeune qui était à ses trente et unième printemps était lourde. Il était arrêté pour avoir mis le feu au souk hebdomadaire, Tlat Ighoud, situé à la région qui porte le même nom et qui est éloigné de 64 km de la ville de Safi et avoir commis un meurtre. Comment est-il arrivé à commettre ces deux crimes et pourquoi ? Ce célibataire demeurait à Ighoud, en compagnie de ses parents. Seulement, personne ne savait pourquoi il gardait une rancune envers ses voisins. Il les haïssait au point qu'il ne supportait pas les croiser ou les voir. Il disait qu'ils étaient à l'origine de la mort de sa mère. Selon ses explications aux enquêteurs lors de ses interrogatoires, ils ont empoisonné sa mère en lui mettant du verre broyé dans un verre de café au lait. Donc il les considérait comme ses ennemis qu'il ne supporte jamais de voir. Il rêvait toujours de les écraser par terre comme des cafards, les tuer comme des chiens et y mettre le feu pour que leurs corps ne restent ni sur terre, ni sous terre. Au fil du temps, le souk hebdomadaire de Tlat Ighoud a été incendié. Qui y a mis le feu ? L'un de ses voisins qu'il maudissait jour et nuit lui a collé ce crime. Il s'est rendu rapidement chez les gendarmes de la région et leur a affirmé que son voisin, Abdelmajid, était l'auteur de ce crime. C'est l'accusation qu'Abdelmajid a niée à haute voix. Mais, avant d'être arrêté, il a juré de se venger. Il a saisi un couteau et il est allé chercher son protagoniste. Quand il l'a croisé, il n'a pas hésité à cribler son corps de coups de couteau mortels. Arrêté, Abdelmajid a été traduit devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Safi. En fait, le châtiment aurait été la peine capitale. Seulement, les juges l'ont fait bénéficier des circonstances atténuantes et l'ont condamné à trente ans de réclusion criminelle. Abdelmajid a été incarcéré à la prison de Safi. Deux ans plus tard, en juillet 2009, Abdelmajid est tombé malade, il souffrait de douleurs au point qu'il a été conduit à l'hôpital Mohammed V pour y être hospitalisé. Nous sommes dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 juillet 2009. Abdelmajid était encore alité à l'hôpital MohammedV. En principe, deux policiers devaient être postés à l'entrée de la chambre. À pas de loup, Abdelmajid est descendu de son lit pour s'assurer si les deux policiers étaient à leur place encore éveillés. Seulement, il a remarqué que l'un d'eux plongeait dans un profond sommeil et l'autre n'était plus à sa place. À ce moment, il a profité de l'occasion et il a disparu. Les recherches se sont accentuées durant dix mois. Ce n'est que dernièrement qu'une information faisant état qu'Abdelmajid est chez sa famille à la commune d'Ighoud, a été reçue par les éléments de la Gendarmerie royale de Chamaïa. L'indicateur qui les a informés leur a affirmé que l'évadé ne sort de chez lui que la nuit et n'y retourne qu'à l' aube. Les gendarmes se sont dépêchés sur les lieux et ont effectué une surveillance minutieuse et permanente loin du domicile. Résultat : il a été arrêté chez lui quand il était plongé dans un profond sommeil. Lors de son interrogatoire, Abdelmajid a affirmé aux enquêteurs qu'après son évasion, il s'est réfugié dans les montagnes situées aux alentours de la ville d'Essaouira. Après, il a rejoint sa famille à Ighoud pour y rester sans attirer l'attention de personne surtout qu'il ne sortait que la nuit. Il a précisé également qu'il s'est évadé sans qu'il soit aidé ou soutenu par personne.