La participation marocaine aux Jeux Olympiques de Londres a frôlé le zéro pointé. C'était un fiasco malgré le nombre de qualifiés qui était de 75 sportifs, issus de douze disciplines, soit un record depuis la première participation du Maroc aux J.O de Rome en 1960. Une seule médaille de bronze en athlétisme, remportée au forceps, grâce à Abdelaâti Iguider qui a même tenté de faire la même chose sur le 5000 m, mais il s'est contenté cette fois-ci d'une sixième place. Par ailleurs, on s'est bercé d'illusions en nourrissant l'espoir de glaner des médailles en taekwondo, boxe et judo. Toutes ces trois disciplines ont collectionné des bides et leurs sportifs sont sortis bredouilles sans parvenir même à se qualifier au second tour. De quoi se scandaliser car la plupart des sportifs de ces disciplines ont un niveau mondial qu'ils ont auparavant confirmé aux championnats du monde. «Aujourd'hui, cette contre-performance a mis à nu la réalité affreuse du sport marocain qui pâtit d'une myriade de maux. Ce sont des problèmes structurels chroniques», a déclaré à ALM Yahya Saïdi, un expert-chercheur scientifique dans le domaine sportif (lire entretien en p. 5). «Il faut remettre les compteurs à zéro et ne plus se contenter d'une évaluation sans mettre les jalons fondateurs et essentiels du sport moderne pour redorer le blason du sport marocain en mettant en place une véritable stratégie sportive multidimensionnelle sinon transversale qui doit être ancrée d'abord dans les politiques publiques. Bien sûr nous ne pourrons pas être présents et performants dans les 26 disciplines olympiques et qui seront au nombre de 28 à partir des J.O de Rio Janeiro en 2016 puisque s'ajouteront le rugby à 7 et le golf», ajoute-t-il. Hormis le déficit infrastructurel, financier et en matière de formation des cadres, il faut rappeler que malgré le nombre important des jeunes de la population marocaine qui avoisine les 40 millions, le nombre total de licenciés pratiquants de toutes disciplines confondues ne dépasse guère trois cent mille, alors que ce chiffre doit être enregistré doublement et uniquement en football, le sport le plus populaire de par son public mais pas de par ses pratiquants, voire ses dirigeants ! L'élargissement de la base des pratiquants est l'un des préalables pour favoriser l'émergence d'une élite capable de rivaliser avec les grands lors des rendez-vous planétaires comme les J.O et les championnats du monde… «Faut-il ajouter encore que la stratégie du développement du sport doit être centrée sur la promotion de la pratique sportive en faisant le distinguo entre le sport qui se regarde qui a un aspect économique pour ne pas dire commercial et le sport qui se pratique qui a un aspect éducatif. Car c'est grâce à ce sport éducatif à travers d'un système sportif scolaire fort qu'on pourrait aspirer à un essor du sport marocain», a souligné M. Saïdi.La vérité olympique ou plutôt les variables et les déterminants de la performance olympique sont des éléments incontournables pour fixer les objectifs et assurer une participation honorable et performante. Cela veut dire que la manière avec laquelle nous avons préparé les sportifs pour ces J.O de Londres est en déphasage avec la réalité du sport moderne, car on ne peut durant deux ans et demi assurer une bonne préparation sur fond d'une autarcie avec une commission ad hoc composée des représentants du CNOM et du ministère de la jeunesse et des sports. La loi sur le sport est claire là-dessus : c'est le CNOM qui est chargé de la préparation des sportifs pour les J.O en concertation avec les fédérations nationales. Et à ne pas confondre avec la commission des sportifs de haut niveau qui a été légiférée dans la loi sur le sport, car la mission majeure de cette dernière consiste à établir la liste des sportifs de haut niveau et non à préparer les sportifs pour les manifestations sportives mondiales. Après les J.O de Pékin en 2008 et malgré deux médailles de l'athlétisme (une en bronze et une en argent), tout le monde se retranche derrière le manque de moyens. Aujourd'hui, ceux qui ont échoué doivent rendre des comptes, car SM le Roi Mohammed VI a mis à la disposition de tous les sportifs les moyens financiers appropriés et qui sont de l'ordre de 330 millions de dirhams, dont déjà 128 millions ont été dépensés. Rendre des comptes car il y a l'obligation de résultats pour tous ceux qui ont bénéficié de ce soutien. A plus forte raison quand on ne parvient pas à qualifier un seul sportif pour les JO. Voilà pourquoi le bilan doit être évalué par une commission neutre et non par ceux qui sont responsables de ce fiasco. Dopage, un cancer qui gangrène le sport marocain. Deux cas positifs ont été enregistrés à la veille du coup d'envoi des compétitions de l'athlétisme. Il s'agit des athlètes Meryem Alaoui Selsouli et Amine Laâlou, tous deux contrôlés à un diurétique qui s'appelle le furosémide. C'est une substance prohibée par l'AMA depuis janvier de l'année en cours. Certains ont beau dénoncer voire se scandaliser en ruant dans les brancards et en criant sur les toits. La FRMA a beau porter plainte contre X, voire se retrancher derrière des statistiques officielles de l'IAAF. On en relève que le Maroc est loin d'être sur la plus haute marche du podium des athlètes dopés en occupant la onzième place aux côtés des Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne. Bien que ces pays disposent d'une législation spécifique à la prévention et à la lutte contre le dopage, à un laboratoire accrédité par l'AMA et à une agence de lutte contre le dopage. Le Maroc s'est engagé depuis 2008 en signant des conventions internationales de par son Statut avancé reconnu par l'U.E à souscrire à cette lutte réellement. L'Etat est condamné à faire sortir la loi sur la lutte contre le dopage, à mettre en place une agence et à doter le sport marocain d'un laboratoire qui servira même à assurer un suivi longitudinal pour chaque sportif de haut niveau. Il est à signaler que l'athlétisme marocain a enregistré 41 cas entre 1998 et 2006 et 11 cas entre 2007 et 2008. Et s'il y avait le contrôle très sophistiqué entre 1998 et 2006 le nombre aurait doublé selon les spécialistes. Comme quoi on ne va pas réduire ou éradiquer le dopage au Maroc avec des déclarations d'intentions ou de dénonciation mais en investissant dans les moyens modernes.