Les associations ne comptent pas rester les bras croisés. Après l'émission en juillet d'un projet de circulaire par Lahbib Choubani, ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile qui tente de jeter un discrédit sur le travail accompli depuis des décennies par le mouvement associatif, ce dernier monte au créneau. Lors d'une conférence de presse organisée mercredi 8 août à Rabat, le comité du suivi de «la déclaration et de l'appel de Rabat», publiés le 2 avril et signés par les associations démocratiques du Maroc, a manifestement affiché son mécontentement du discrédit sur ce travail. Cette œuvre a été vivement mise en valeur par Atifa Timjerdine, coordinatrice nationale du réseau Anaruz, qui a indiqué que «la société civile a atteint une maturité qu'il faut préserver après la Constitution de 2011». Or, tellement cette maturité a été ignorée dans le projet de circulaire du ministère que les associations estiment qu'il faudrait, selon Hamid Benchrifa, président de l'Association marocaine de solidarité et de développement, revoir le concept de partenariat avec les associations. De plus, la formulation juridique de ce projet de circulaire est, aux yeux de Youssef Laâraj, président du Réseau amazigh pour la citoyenneté, fragile. «Les associations au Maroc connaissent de grandes failles qu'il faut traiter d'où l'émission de l'appel de Rabat signé par environ 400 associations de par le Maroc», a-t-il enchaîné. Pire encore, ces associations estiment qu'il y a eu une confusion entre la dilapidation des deniers publics et le financement de leurs activités . Or, selon Abdelhakim Chafai, président de l'Espace associatif : «le partenariat avec les associations ne peut être limité au financement». En effet, l'aspect financier ne constitue qu'un élément de réflexion et des axes stratégiques sur les lesquels les associations invitent à la mobilisation. Pour sortir de ce débat malsain et poser les problèmes dans leur globalité, la société civile appelle à mener des actions conjointes et concertées sur les valeurs de la démocratie et de l'Etat de droit et également à la mise en œuvre des mesures relatives à la société civile introduites par la Constitution. Aussi, les associations démocratiques ont soulevé la dimension juridique du droit des associations, ainsi malgré les avancées enregistrées dans la loi des associations adoptée en 2002, celle-ci reste entachée par les violations des autorités et souffrent de carences juridiques à combler et rectifier. Comme il devient urgent, selon la déclaration de Rabat, d'inciter et faire pression sur le gouvernement pour décliner un programme cohérent, sans déperdition de fonds et d'efforts, pour la mise en œuvre d'un plan stratégique de formation de qualité des cadres associatifs et des travailleurs sociaux, tout en faisant bénéficier les associations du droit d'accès aux fonds de la taxe professionnelle versée par les employeurs (y compris associatifs). A cet effet, les associations initiatrices de la déclaration de Rabat appellent l'ensemble des voix et forces démocratiques à engager un débat national qui vise à élaborer des propositions collectives et largement concertées pour une réforme globale qui va dans le sens du renforcement des libertés et de l'autonomie du mouvement associatif. Comme elles appellent à une large rencontre de concertation pour enrichir les axes proposés, élaborer une stratégie et un plan d'action en perspective de la tenue des Assises nationales du mouvement associatif démocratique pour élaborer un livre de revendications et plaider pour des lois et des mesures concrètes à même de consolider l'Etat de droit et consacrer les associations comme acteur essentiel et de plein droit dans le développement démocratique. A bon entendeur salut!