Il se tient debout, de façon nonchalante, quand il a entendu ses nom et prénom, Hassan. B, prononcés par le président de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, il avance en direction du box des accusés. Le président s'assure de son identité, s'il est vraiment Hassan. B, né en 1972 à Casablanca, célibataire, sans profession. Hassan ne pipe mot, mais ne fait que hocher la tête en guise de confirmation. Quand le président lui rappelle son accusation, à savoir coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, consommation de drogue et agression, il s'est révolté : «C'est lui qui m'a provoqué…». Le président de la Cour lui demande de patienter en attendant qu'on lui pose des questions concernant le crime commis, ses circonstances et le mobile. Seulement, Hassan ne comprend rien de ce que le président lui explique et continue à balbutier que la victime l'avait provoqué. Enfin, le président se retrouve dans l'obligation de le sommer au silence sinon il ordonnerait son évacuation et son renvoi en prison sans qu'il soit jugé. Et Hassan qui a pris au sérieux la sommation, s'est immédiatement tu. Repris de justice, Hassan est un habitué de la prison. Pour le même motif, vol et menace à l'arme blanche, il a purgé trois peines d'emprisonnement. La première remonte à une dizaine d'années, quand il était à son vingtième printemps. Elle lui a coûté six mois de prison ferme. Les deux autres peines lui ont valu respectivement un an et deux ans de prison ferme. Mais, il semble qu'il n'a pas l'intention de tourner le dos à la criminalité pour s'intégrer dans la société et gagner dignement sa vie. Il a continué à agresser les victimes en leur subtilisant tout ce qu'elles portent sur elles. Et c'est toujours après avoir consommé de la drogue, qu'il passait à l'acte. Mais cet employé de trente-et-un ans a manifesté une résistance farouche quand Hassan l'a menacé par son couteau pour qu'il lui remette tout ce qu'il portait sur lui. La victime a même donné un coup de poing à Hassan. Et c'est la goutte qui a fait déborder le vase. Hassan qui ne s'attendait pas à ce qu'on lui résiste encore moins à lui donner des coups, s'est énervé et a asséné deux coups de couteau à sa victime qui s'est écroulée sur-le-champ. Hassan lui fait les poches et lui subtilise la somme de mille dirhams, une montre et bien sûr, le portable. «Il était ivre M. le président et il m'a provoqué en m'insultant», dit Hassan à la Cour. Mais, le rapport de l'autopsie indique que la victime n'avait pris aucune goûte d'alcool, il ne peut donc être en état d'ivresse, comme le présume le suspect. En plus, Hassan a tout raconté aux enquêteurs de la police, qui disposent d'une autre version que celle qu'il a inventée devant la Cour. Il a donc menti à la Cour pour bénéficier des circonstances atténuantes. Verdict : Vingt ans de réclusion criminelle.