Ciblant les ivrognes pour les délester de tout ce qu'ils portent sur eux, Farid s'est retrouvé, la dernière fois, avec un meurtre sur le dos. Un crime qui lui a coûté vingt ans de réclusion criminelle. Qui peu imaginer être un criminel et purger plusieurs années de sa vie dans les prisons ? Personne. En fait, tout le monde rêve de jouir d'une bonne réputation, de gagner dignement sa vie et de fonder un foyer conjugal… Farid avait-il ces rêves ? Sans aucun doute, la réponse est affirmative. Mais ses conditions de vie ne lui avaient pas permis de réaliser ses rêves. Et encore moins de poursuivre ses études jusqu'au bout pour décrocher un diplôme lui permettant, tôt ou tard, d'être recruté dans une entreprise. Malheureusement, le voilà, pour la deuxième fois, au box des accusés à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Si lors de la première fois, il a été jugé coupable pour constitution d'une association de malfaiteurs et vol qualifié et a été condamné à quatre ans de prison ferme, cette fois fois-ci l'accusation est très grave, puisqu'il s'agit de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner le tout doublé de vol qualifié. «J'étais ivre, M. le président…», a précisé Farid au président de la Cour lors de son interrogatoire. Il semble qu'il avait l'intention de prouver à la Cour qu'il n'était pas dans son état normal. Il ignorait que l'ivresse aggrave les circonstances. «Je ne savais pas ce que je faisais…», a-t-il ajouté. Selon le rapport de la police, Farid n'était pas ivre. Il était drogué. Précisément, il a avalé dix comprimés psychotropes, marque Révotril. Quand il a perdu tout contrôle de soi-même, il était à la recherche d'une victime. «Je me tenais un peu plus loin de l'entrée d'un bar, en quête d'une personne ivre…», a-t-il affirmé à la Cour. De coutume, il ciblait les ivrognes. Il les agressait quand ils s'éloignaient du bar où ils se soûlaient. Il les délestait de tout ce qu'ils portaient sur eux. Seulement, la dernière fois, Farid ignorait qu'il serait face-à-face d'un jeune ivrogne, plus fort et bagarreur. Il s'appelle Mohamed, âgé de trente et un ans, employé de son état. Quand il a mis ses pieds hors du bar, il a pris le chemin pour aller chez lui. Quand Farid a accosté Mohamed, ce dernier l'a surpris d'un coup de poing sur le visage. Farid qui semblait avoir remarqué que son «gibier» n'était pas une proie facile a pris un couteau qu'il dissimulait sous ses vêtements. Mohamed qui n'était pas armé s'est planté à sa place. Farid c'est avancé. Mohamed a reculé. Il n'y avait personne qui pouvait intervenir. Tout d'un coup, il lui a asséné deux coups mortels. Après quoi, il l'a délesté d'un téléphone portable et d'une somme de cinq cent trente dirhams avant de prendre la fuite. Trois semaines plus tard, il a été arrêté. «Je ne croyais pas qu'il allait mourir, parce que je n'avais l'intention que de l'immobiliser… », a affirmé Farid qui a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle.