Abdallah Baha et la commission chargée de la préparation du 7ème congrès ordinaire du PJD ne sont pas peu fiers d'avoir tenu les temps. L'adjoint d'Abdelilah Benkirane à qui ses pairs ont confié le soin de piloter l'organisation de la grand-messe de leur parti a de nouveau affirmé au cours d'une conférence de presse donnée mardi à Rabat - à deux jours de la grande assemblée qui doit avoir lieu au complexe sportif Moulay Abdallah-, ce qu'il n'a cessé de répéter ces derniers mois: que tenir congrès quand on est au pouvoir et qu'on court plusieurs lièvres à la fois est une gageure, mais que lui et les siens sont de taille à s'y frotter. Ce sentiment du devoir accompli, il le partage avec ses partenaires attitrés dont Mohamed Yatim, secrétaire général du bras ouvrier du parti. Au cours de la conférence de presse, les membres de la commission ont donc dit que le 7ème congrès ordinaire sera extraordinaire. Et, extraordinaire, il l'est déjà par son coût estimé à un demi-milliard de centimes et par les quelque 3.000 congressistes qu'on y attend. Le double de ce qu'ils avaient été lors de la précédente édition. Avec ce nombre de participants, ce sont 220 communes urbaines et 240 rurales qui y seront représentées aux côtés de 83 délégués des Marocains établis dans 12 pays étrangers et de nombreux invités des organisations nationales et extra-nationales amies. Autre fait remarquable : la participation des jeunes et des femmes. Sans doute parce qu'il a été souvent critiqué sur la faible présence des femmes dans ses rangs, le PJD a mis le turbo pour redorer son blason sur ce plan. Selon la commission, 550 congressistes femmes participeront aux travaux, ce qui donne un taux de représentation de 17%, un progrès par rapport aux 15 % qu'elles étaient parmi les 1635 présents au 6ème congrès. Par un curieux effet de hasard, le nombre des jeunes attendus – les moins de 40 ans- est quasiment égal à celui du total des participants à l'édition précédente : 1360. Pour le reste, les choses ont un aspect plus familier. Ainsi des enseignants qui comme la fois précédente dominent les catégories socioprofessionnelles. Mais, concession remarquée aux temps nouveaux : 3% des congressistes sont des chômeurs. Un message en direction de ceux qui taxent le PJD de tiédeur vis-à-vis du chômage des jeunes. Autre changement significatif : le substrat de la plate-forme –la thèse- qui sera soumise aux congressistes. Mohamed Yatim a dit à ce sujet que tenant compte des évolutions politiques, sociales et économiques récentes, le document considère que la stabilité et la monarchie sont essentielles aux actions de développement et que celles-ci doivent intégrer la dimension sociale des projets et coller aux attentes des citoyens. Il est nécessaire d'apporter une réponse stratégique appropriée aux questionnements que pose la nouvelle réalité du pays, a-t-il affirmé. La révision du statut, l'autre grand débat qui sera proposé au congrès impose une mise à jour non moins significative. II s'agit pour l'essentiel de le rendre plus conforme à la Constitution et à la loi sur les partis et d'en actualiser certaines dispositions, en particulier celles qui régissent l'affiliation et la participation aux prises de décision. Alors pour mener à bien toutes ses tâches en deux jours dans «un climat de transparence totale», le PJD a décidé de s'aider des nouvelles technologies. «On saura ainsi qui était là et qui a voté». Très diserts sur tout ce qui a trait au déroulement du congrès, les membres de la commission de préparation ont néanmoins été discrets sur le plus attrayant des points inscrits à l'ordre du jour : l'élection du nouveau secrétaire général. Dernièrement, lors de la réunion du congrès national du parti – l'équivalent de son parlement – , Abdelilah Benkirane a par inadvertance qualifié Saad-Eddine El Othmani de secrétaire général avant de replâtrer son hiatus en ajoutant : « si le 7ème congrès le décide, évidemment». La salle a beaucoup ri, mais personne n'a été dupe. On prête à l'actuel secrétaire général l'intention de rempiler pour un nouveau mandat. Et comme on ne change pas l'ordre d'une équipe qui gagne, l'affaire semble entendue. En tout cas l'est-elle au sein des membres de la commission chargée de la préparation du Ier congrès du PJD, parti qui se demande encore aujourd'hui s'il a réussi sa transition d'une situation passée où il fut élément d'opposition à son état actuel de force de proposition.