La tenue, à Berlin, d'un sommet franco-germano-britannique, avant même la tenue du sommet de l'Union européenne, alarme les partenaires européens. En se trouvant à Berlin, Gerhard Schröder, Jacques Chirac et Tony Blair, affichent leur entente. Après deux autres rencontres du même genre, les trois pays organisent un séminaire à Berlin pour discuter les questions européennes et internationales. Cette réunion tripartite, officiellement consacrée à la préparation du sommet européen qui doit se dérouler les 25 et 26 mars portant sur les dossiers économiques, fait jaser. En effet, si l'Elysée assure que «ces rencontres à caractère informel sont très utiles» et qu' «il ne s'agit pas, bien sûr de prendre des décisions à trois mais de faire des propositions à nos partenaires européens», les autres pays à l'Union européenne déclarent leur mécontentement vis-à-vis des rendez-vous des «Big Three». Les retrouvailles des trois pays ont été retardées notamment par la querelle sur la guerre en Irak et le refroidissement transatlantique. Tony Blair a enfin réussi à rejoindre l'alliance Allemagne-France renoué depuis 2002. «L'Europe n'est pas faite de trois pays. Elle est faite de vingt-cinq et celles-ci n'accepteront pas de leadership de trois pays» a déclaré le ministre italien des affaires européennes, Rocco Buttiglione. L'alliance est perçue comme un «directoire» et la déclaration de Jack Straw, le secrétaire au Foreign office va franchement dans ce sens «associer le Royaume-Uni au moteur franco-allemand correspond à la logique puisque l'Europe passe de quinze à vingt-cinq Etats membres» avait-t-il reconnu début janvier. Et pourtant, les avis divergent au sein de ce prétendu «directoire». Tony Blair, Chirak et Schröder perçoivent différemment l'avenir de l'Europe. La Grande-Bretagne ne fait pas partie de la zone euro et refuse toujours d'adhérer à l'espace judiciaire et policier européen. Chirak souhaite voir des « groupes pionniers » au sein d'une union qui va s'élargir alors que Schröder reste plutôt très favorable à la Constitution européenne. Au fond l'inquiétant «ménage à trois» est plutôt brouillé.