Les administrateurs comptent passer, dès ce jeudi 19 février, à une nouvelle phase de protestation sociale. Le mouvement de débrayage est appelé à connaître de nouveaux rebondissements. La Commission de coordination des syndicats des administrateurs et cadres administratifs assimilés vient d'appeler au déclenchement d'une grève préventive dans le secteur de la Fonction publique, qui sera suivie, au cas où la situation ne connaîtrait aucune évolution positive, un nouveau débrayage, les 25 et 26 du mois courant. Un membre de cette Commission, constituée de représentants de l'UMT, la CDT, la FDT, l'UGTM et la Fédération des associations des administrateurs de la Fonction publique, nous a déclaré que cette grève a été décidée en vue d'inciter le gouvernement à poursuivre le dialogue avec les syndicats au sujet de ces catégories socioprofessionnelles. En dépit des acquis importants réalisés en faveur des différents agents de la Fonction publique, en vertu des accords signés le 27 janvier, entre le gouvernement et les syndicats, force est de constater que le malaise est de mise dans les rangs des administrateurs. Les mesures d'augmentation du régime des indemnités, qui nécessitent selon les propos du Premier ministre, Driss Jettou, une enveloppe de 4,2 milliards Dhs au titre de l'année 2003, 7,2 milliards Dhs au titre de l'année 2004, 9 milliards Dhs en 2005 et plus de 11 milliards Dhs en 2006, sont jugées injustes injustifiées par une partie des administrateurs.Mohamed Belhaj, membre du Secrétariat permanent de la Commission de coordination précitée et représentant de l'UMT, estime que le malentendu qui entoure cette affaire, est dû en grande partie à des erreurs du gouvernement. La discrimination dont fait l'objet les administrateurs et cadres assimilés par rapport à leurs collègues ingénieurs de la Fonction publique, ne s'est manifestée que depuis l'an 2000. Au cours des négociations, qui ont eu lieu les 30 janvier 2003, 4, 9 et 25 avril dernier, le ministre chargé de la modernisation des secteurs publics, Najib Zerouali, s'est engagé devant les syndicats, à remédier à cette erreur en procédant à l'alignement des indemnités de cette catégorie professionnelle avec celles des ingénieurs. Mais, lors des accords du 30 avril, le gouvernement a failli à cet engagement. Finalement, des augmentations allant de 1200 à 5900 dirhams ont été décidées en faveur des ingénieurs, alors que pour les administrateurs et cadres assimilés, celles-ci varient de 1050 à 3000 dirhams. En moyenne, cela revient à dire que ces derniers n'auraient droit qu'à 60% des majorations allouées à leurs collègues précités. D'où leur protestation. «Car dans cette affaire, précise encore M. Belhaj, il n'y a pas que l'aspect financier qui prime, mais également, le sentiment de frustration provoqué par des mesures injustices ». Dans une lettre qui nous a été adressée à ce sujet, par l'administrateur Taoufik Addaya, il a été établi que le gouvernement explique sa décision par «la lourdeur de l'enveloppe budgétaire qui doit augmenter à 3 milliards et 493 millions de dirhams, soit avec une différence de 2 milliards de dirhams, par rapport à l'enveloppe actuelle ». Mais, pour les organisations syndicales, il n'y a aucune raison de priver des gens d'un droit auquel bénéficient leurs collègues. Outre cette lacune, le doute persiste sur le nombre des personnes concernées. Alors que M. Zerouali parlait de moins de 15000 personnes, le gouvernement avance maintenant le chiffre de 41654, incluant des milliers de fonctionnaires de l'Etat qui ne devraient pas figurer dans cette catégorie. Le bras de fer entre le gouvernement est donc annoncé sur la place publique en attendant de nouvelles phases de négociations sociales ; sachant que pour ces cadres contestataires, le moment est propice pour allumer l'étincelle.