Le Projet de réforme de l'audiovisuel est à mi-parcours. Après quatre réunions en commission ministérielle, il devra être soumis au conseil de gouvernement, avant l'étape parlementaire. Radioscopie. En homme ayant longtemps arpenté les arcanes de la presse, Mohamed Achaari, ministre de la culture et de la Communication, ne peut sacrifier les précautions d'usage. Il s'agit simplement d'une rencontre d'information, précise-t-il tout de go aux journalistes venus le rencontrer mardi 19 février. Le projet de réforme de l'audiovisuel étant encore en plein labyrinthe législatif, à ce stade au niveau de la quatrième réunion en commission ministérielle, qui devra le soumettre au conseil de gouvernement, avant l'étape parlementaire, il ne faut pas s'attendre à des révélations de taille, semble s'excuser le ministre. La «rencontre» aura cependant le mérite de lever le voile sur un certains nombre d'ambiguïtés qui ont accompagné la gestation du tant attendu projet de réforme de l'audiovisuel national. Mohamed Achaari donnera tout de même le tempo général. Une sorte de radioscopie rapide des grandes lignes. Assez pour calmer momentanément ce qu'il qualifiera d' «appétit marqué» de la presse pour ce dossier. Il s'agit en gros de réformer les établissements existants, la TVM, la Radio et la MAP, de mettre en place un dispositif de loi réglementant le secteur de l'audiovisuel et enfin de donner le jour au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Dans le premier axe, les réformateurs qui planchent sur le dossier s'emploient à changer le statut des établissements audiovisuels publics existants, qui se verront transformés en sociétés nationales. L'objectif en est, selon le ministre, de favoriser l'émergence d'un climat de compétition de nature à améliorer le rendement de ces établissements, devenus sociétés, et inaugurer une nouvelle ère de gestion financière, humaine et professionnelle, davantage en adéquation avec l'évolution du secteur à l'échelon international et les mutations que connaît le pays. Une initiative, rappellera le ministre, qui répond à une revendication des salariés du secteur qui se sont longtemps élevés contre l'inadéquation du cadre de la fonction publique avec les spécificités de leur profession. En même temps, Mohamed Achaari a souligné la dimension de «service public», dont «un minimum sera préservé», dira-t-il, au détour d'une tirade sur l'efficience désormais de verrous sécuritaires au moment où la «culture de l'information a cédé le pas à celle de la communication». Justement, le deuxième grand axe du projet de réforme, prévoit une levée du monopole de l'Etat. Il s'agit, expliquera le ministre de la communication, d'ouvrir la voie à de nouveaux intervenants dans le secteur de l'audiovisuel, sur la base de «principes généraux» consacrant le pluralisme, la préservation de la culture nationale et l'égalité dans le traitement, notamment en matière politique. Cette levée du monopole étatique sera également l'occasion de «régulariser» une situation qui prévaut depuis une vingtaine d'années, depuis l'entrée dans le champ audiovisuel national de la chaîne de radio Medi 1, dont le contrat arrive à terme cette année, en passant par l'intermède privé de la chaîne de télévision 2M, en plein plan redressement et qui devrait s'auto suffire dans 3 ans. Le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), décliné en troisième axe de la réforme, élaborera les cahiers de charges, accordera les nouvelles licences de diffusion et veillera au respect de ses dispositions. Il statuera également en cas de litige et sanctionnera si besoin en est. Voici donc dans ses grandes lignes le projet de réforme de l'audiovisuel qui figurait Dans la première déclaration gouvernementale. Ce dossier «sensible» aura pris du temps, mais il fallait liquider «un héritage historique», reconnaîtra Mohamed Achaari. Qu'importe, le projet est aujourd'hui à mi-parcours législatif et il ne manquera pas d'alimenter le débat, tant sont nombreux ceux qui rongent leur frein en attendant la véritable entrée dans l'arène parlementaire des nouveaux textes. Déjà, le SNPM grogne pour ne pas avoir été impliqué dans l'élaboration de la réforme et les salariés concernés désembuent leurs loupes pour examiner au plus près les garanties du gouvernement quant aux différentes dispositions sociales accompagnant la réforme.