Depuis leur déclenchement, les affaires Ennajat et Dar Essalam n'avaient cessé de faire couler beaucoup d'encre. Entre le médecin-administrateur de la clinique et les autres actionnaires, une véritable guerre des déclarations avait eu lieu l'été dernier, sur ces mêmes colonnes. Flash-back. Au cœur d'un grand scandale financier, la clinique Dar Essalam fait toujours parler d'elle. Les deux affaires liées à la clinique, celle d'Ennajat et l'autre, relative au détournement d'argent dont les associés, Hassan Ksikes, Abderrafik Zaem et Hassan Mékouar sont accusés d'être les auteurs, semblent prendre des proportions alarmantes. L'arrestation de Jamil Bahnini va faire couler encore beaucoup d'encre. Ceci, sachant qu'il n'y a pas si longtemps, les protagonistes de cette affaire s'étaient livrés à une guerre ouverte, faite d'accusations mutuelles et de déclarations contradictoires. D'un côté, il y avait M. Bahnini. De l'autre, les trois associés précités. Sur les colonnes d'Aujourd'hui Le Maroc (voir numéro 449 du jeudi 14 août 2003), les deux côtés s'étaient renvoyés la réplique. Chaque clan plaidait sa cause et accusait l'autre de tous les maux. Jamil Bahnini avait dit s'être aperçu, plus d'un an et demi après que la clinique a entamé ses activités, que les bases de son association n'étaient pas saines et qu'il y avait « des anormalités graves dans la gestion comptable », parlant dans ce sens de fraude fiscale, et d'opérations, notamment en matière de facturations frauduleuses. Les recettes des chèques libellés sans ordre auraient également été transférées à des comptes personnels selon lui. Des accusations de détournement de fonds et d'abus de biens sociaux donc, auxquelles Hassan Ksikes, l'un des quatre autres actionnaires de la clinique, avait répondu, dans le même numéro, par la négative. Selon lui, « Aucun centime n'a été détourné de la clinique…Bahnini était directeur médical et gérant de la clinique. Il prenait connaissance, à chaque fin du mois, de tous les comptes de l'établissement et rien ne lui échappait ». Jamil Bahnini avait soutenu la thèse d'un détournement pré-Ennajat et qui avait atteint la somme de 8 millions DH. Il a dit ne pas avoir été au courant. Pour lui, l'affaire a éclaté suite à un malentendu qui aurait surgi entre les autres associés et le coursier. Ce dernier, affirmait M. Bahnini, serait venu lui dire ce qui s'était passé derrière son dos bien après. M. Ksikes, lui, soutenait que tous les chèques étaient dûment répertoriés, déclarés au fisc et enregistrés dans les comptes de la clinique. Pour lui, toute cette affaire n'aurait été soulevée par Bahnini que dans le seul et unique objectif de cacher la tristement célèbre affaire d'Ennajat, dont la clinique était partie prenante à travers les examens médicaux que les malheureux candidats devaient suivre et qui devaient s'effectuer, à titre exclusif, à Dar Essalam. Une opération dont le même Jamil Bahnini pilotait le déroulement. Environ 41 millions DH auraient par ailleurs été encaissés par la clinique en guise de frais de la visite médicale, qui concernait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Et Ksikes d'affirmer pour sa part qu'aucun des autres actionnaires n'avait connaissance de cette opération. D'ailleurs, avait-t-il dit, Bahnini aurait lui-même reconnu avoir versé 27 millions DH à Mohamed Ali Pacha, directeur d'Ennajat. Mais, affirmait toujours Ksikes, ce versement a été effectué en espèces, sans qu'il ne soit notifié par un document comptable. Pour désengager la responsabilité de la clinique dans l'affaire Ennajat, Ksikes avait déclaré que Dar Essalam avait pris contact avec l'Anapec pour lui signifier sa volonté de se constituer en partie civile. La clinique aurait même invité l'Office des changes à faire une enquête pour savoir si les fonds ont quitté le Maroc ou pas. Jamil Bahnini avait, quant à lui, précisé que l'affaire de détournement n'avait aucun rapport avec Ennajat. La seule raison pour laquelle il avait fait part de sa volonté de quitter l'établissement était celle du détournement. Il avait dans ce sens demandé à ce qu'on lui rachète ses actions, qui s'élevaient à quelque 20 % du total des actions de la clinique. Et de dire : « Je suis seul contre quatre…Vous savez, les médecins, c'est une armée de généraux ».