Football. La CAN terminée, l'heure est au bilan. Celui-ci est bien triste au regard du niveau du jeu pratiqué. Le faible nombre de buts augure d'une «européanisation» du football africain. La surprise ne fait plus partie du monde africain. Que ce soit en Coupe d'Afrique des Nations ou lors des apparitions de ses représentants en Coupe du monde, le continent noir nous réservait toujours quelques révélations. Difficile d'oublier l'Algérie en 1982, le Maroc en 1986, le Cameroun en 1990, ou encore le Nigeria en 1994. Des équipes qui cherchaient surtout à attaquer, de manière parfois désordonnée, mais avec les meilleures intentions du monde. Mais désormais, On ne compte plus les sélectionneurs européens, recrutés et présentés tels des redresseurs de tort, venus imposer leur vision du jeu toujours plus rigoureuse, qui oblige les joueurs à évoluer contre nature. Venu pour abolir définitivement la «naïveté tactique» des Lions Indomptables, Winfried Schafer, qui ne communique que par gestes étant donné sa méconnaissance du français, aura connu une réussite pleine, dans cet exercice tout du moins. En 5 matches, les Camerounais n'ont encaissé aucun but, mais sont loin d'avoir effectué une campagne aussi magique que leur succès olympique de 2000, ou même leur dernier sacre continental. Comme pour le Cameroun, la défense aura finalement été la marque de fabrique de cette CAN. En dépit des multiples talents offensifs, le Sénégal et le Nigeria, qui complètent le podium de cette édition, ont plus brillé par leur solidité défensive que par leur ingéniosité offensive. Cette rigueur, les joueurs semblent certains de ne pouvoir l'obtenir qu'avec un entraîneur étranger. Double champion d'Afrique, Laurent Etame n'hésite pas à accentuer les clichés : «Nous savons tous comment fonctionnent les Allemands. Ils sont très disciplinés et cela nous aide. Le mélange de tout cela nous rend plus fort». Même son de cloche chez son coéquipier Geremi. «Nous avons un peu de touche allemande. Nous avons de la chance de l'avoir, il nous a permis de combler une certaine absence disciplinaire», conclut le joueur du Real Madrid. Malgré les qualités individuelles de ses joueurs, le Cameroun a peiné pour se défaire de ses premiers adversaires, ne s'imposant que sur coups de pied arrêtés ou exploits personnels devant la République Démocratique du Congo et la Côte d'Ivoire. Rares sont les équipes qui ont réussi à véritablement déstabiliser un adversaire. Un constat qui se vérifie, puisque la moyenne de buts est tombée à 1,5 but par match. Des 24 rencontres du premier tour, 10 ont été clôturées par un nul, dont 7 sur un score vierge. Dix autres ont débouché sur une victoire par un but d'écart. Une faible différence de niveau qui peut s'expliquer par le soucis de ne pas encaisser de but, largement primordial à celui d'en marquer plus que l'adversaire. Regrettable. Si le Cameroun a toutes les chances de bien figurer lors de la prochaine Coupe du monde, ses joueurs manquent de liberté. Du côté des pays africains, le jeu pourra toujours être plus pesé, plus mesuré qu'il ne l'était auparavant, mais il ne sera jamais aussi calculateur et aussi tactique que celui d'une formation européenne. À ce jeu de la patience et de la prudence, les formations africaines risquent de connaître plus de déceptions que de joies lors du prochain Mondial.