Les modèles de gestion des risques financiers s'installent peu à peu dans les habitudes des banques marocaines. Mais la complexité de la tâche à accomplir effraie plus d'un. Compétitivité, concurrence, parts de marché, rentabilité, rating, renforcement des fonds propres, contrôle interne et gestion des risques financiers font aujourd'hui partie du vocabulaire bancaire marocain. Ces termes « savants » bousculent conservatismes et traditions. Ils dérangent même les habitudes opérationnelles, les règles et les procédures. Les banques nationales sont confrontées plus que jamais à une mutation rapide des conditions d'exercice de leurs activités financières. Plusieurs phénomènes concomitants ont bouleversé les données de la profession. Ce qui s'est traduit par une montée en flèche des risques financiers. Pour faire face à cette situation, plusieurs banques de la place se sont engagées, depuis quelques années, dans des projets de développement d'outils de gestion interne des risques financiers. L'Asset-Liability Management (ALM) ou pour reprendre la terminologie française « la gestion actif-passif des banques » apparaît, aux yeux d'un bon nombre de gestionnaires, comme étant la solution la plus appropriée pour la résolution de leurs problèmes. « L'ALM est utile parcequ'elle donne une image multidimensionnelle des risques financiers encourus par un établissement bancaire. Cette technique associe la richesse des informations aux détails des structures d'agrégation et débouche sur des préconisations d'actions », explique Khalid El Habbazi, Chef du Département de contrôle de gestion et ALM au sein de la Banque Centrale Populaire. Reste maintenant à savoir si avec cette technique, les banquiers sauront en mesure d'évaluer le degré des risques financiers qu'ils encourent ? Oui, si l'on en juge par les propos de plusieurs professionnels de la place. Toutefois, il est évident que la mise en place de l'ALM pose aux gestionnaires un certain nombre de défis qui leur imposeront des changements profonds. Aujourd'hui, les institutions bancaires qui font appel à cette technique se comptent au bout des doigts. Même si le processus a été lancé en 1999, elles ne devraient déposer de modèles opérationnels ALM que d'ici deux ans, si l'on prend en compte les projets suffisamment avancés ou ceux déjà en cours de validation. Une chose est sûre : l'objectif des banques s'engageant dans la conception d'un modèle ALM a pu être différent suivant le cas. Et ce en fonction de leur stratégie ou de l'attitude des dirigeants face aux risques. La large diversité dans le positionnement de la fonction ALM permet de dire qu'elle est loin d'être culturellement acceptée, même si paradoxalement, le besoin est identifié par une grande majorité des gestionnaires.