«La banque du peuple» a depuis toujours répondu à l'appel des autorités monétaires, mais tout en cherchant à rentabiliser ses activités. Depuis quelques années, le Groupe des Banques Populaires s'est habitué, au grand bonheur de ses clients, à surprendre le monde bancaire par les multiples produits financiers innovants qu'il lance sur le marché. Cette fois-ci, c'est une vraie révolution des pratiques bancaires qu'il opère. Grâce à la kyrielle d'avantages dont elle dispose, l'institution vient de lancer une formule de crédit immobilier à un taux de 7,25% (HT). Elle compte déjà à son actif, et ce depuis la quasi-libéralisation des taux débiteurs en 1996, les taux de loyer d'argent les plus bas du marché. Dans la même logique, elle vient d'annoncer cette semaine la baisse des taux des crédits d'investissements alloués aux petites et moyennes entreprises (PME) qui se lancent dans de nouveaux projets. Le facteur-clé de réussite du Groupe des Banques Populaires est sans doute la recherche permanente de la rentabilité quoique sa mission première est d'ordre public. Cet élément qui a été écarté dans la gestion des activités des organismes financiers et bancaires publics aux missions identiques est à la base de la défaillance de leurs modèles. Dans la même logique, l'autre élément décisif qui permet à la banque de se distinguer est son adoption du modèle de la banque universelle, se battant sur tous les fronts, sans filialisation de l'ensemble des activités consommatrices de capitaux. En effet, ce modèle permet la péréquation entre les différentes branches d'activités et lignes de métiers. En d'autres termes, un établissement bancaire peut pratiquer des subventions croisées entre ses produits financiers. Des produits peu rentables au vu des risques financiers associés sont maintenus parce qu'ils contribuent à la stabilité des volumes et des encours et répondent aux attentes d'une clientèle avec qui un établissement réalise une forte rentabilité sur d'autres produits. Ce pilotage stratégique des activités est facilité par un ensemble d'outils de gestion qui ont été mis en place par la Banque Centrale Populaire, noyau dur du groupe. Cette entité à l'image traditionnelle a engagé depuis des années des projets innovants en matière de gestion dynamique des activités. Elle pratique le contrôle de gestion bancaire et l'a étendue aux BPR (banques populaires régionales). Elle dispose de cellules de statistiques, d'analyses financières et pratique la gestion Actif-Passif (Asset-Liability Management). Cette fonction ALM lui a permis, grâce à des outils comme les taux de cession internes ou l'allocation notionnelle des fonds propres, de connaître le coût de prêt-emprunt des capitaux entre ses différentes structures et par la même, maîtriser les niveaux des marges d'intermédiation et commerciale des produits pour pouvoir opérer ces baisses de taux d'intérêts débiteurs. Cela dit, cette baisse des taux répond parfaitement aux attentes et des autorités monétaires et de l'économie tout entière. Les autres banques de la place pourraient être mises à mal par cette démarche notamment le Crédit Immobilier et Hôtelier, leader sur ce segment mais qui rencontre actuellement des difficultés financières énormes. Dans la foulée, d'autres groupes bancaires adoptant le modèle de la banque éclatée qui ont créé des filiales dédiées au crédit immobilier, se verront contraintes de s'aligner sur ces nouvelles conditions, au risque de se retrouver hors marché. Mais pourront-elles suivre la tendance baissière des taux qui s'annonce ? Le coût des matières premières de ces institutions qui ont adopté le modèle da la filialisation des activités mêmes celles consommatrices de capitaux, leur permettra-t-il de s'engager dans une telle démarche ? Ces banques disposent-elles des moyens de maîtriser les risques financiers des activités ? Autant de questions dont les réponses ne viendront que si les banques de la place baissent leurs taux débiteurs.