Depuis l'investiture du nouveau gouvernement, le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme s'est essentiellement focalisé sur la mobilisation des moyens humains et matériels, ainsi que la refonte des textes juridiques. En 2004, il devrait passer à l'action. Le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme travaille d'arrache-pied pour mettre en œuvre les dispositions, relatives à ce secteur, et contenues dans la déclaration gouvernementale. En fait, Taoufiq Hjira, le ministre, est à la croisée des chemins. Il a bataillé, depuis sa nomination à ce poste, pour insuffler une nouvelle dynamique, et surtout une nouvelle mentalité au sein de son département. Manifestement, le défi était double : travailler, concomitamment, en interne et en externe. Les rouages internes, Hjira les connaît par cœur, puisqu'il a passé plus de 20 ans au sein du ministère. Un atout qu'il lui a dû bâtir, entièrement, sa politique sur l'implication totale des cadres du ministère. Résultat: chaque direction travaille désormais avec un tableau de bord clair, un contrat-programme sur lequel elles seront jugées. Voilà, pour le côté humain. Si certains citoyens peuvent ne pas déceler de grands changements en matière d'urbanisme et d'habitat au cours de l'année 2003 (ce qui est légitime), c'est peut-être normal. Car l'année écoulée a été, beaucoup plus, celle de la mobilisation sur tous les fronts, que celle des réalisations (même si plusieurs chantiers ont été lancés). En d'autres termes, il faut un minimum de moyens pour lancer des chantiers d'habitat économique ou social. La mobilisation du foncier public est sans doute la mesure la plus importante. C'est ainsi que 3.400 ha ont été ainsi affectés à des projets d'habitat. Ces terrains seront viabilisés par les organismes sous tutelle du ministère (OST), puis cédés à des promoteurs privés. Cette mesure, en soi, est révolutionnaire puisque les promoteurs publics préféraient se charger eux-mêmes de la viabilisation, la construction et la vente des logements. Justement, sur le plan institutionnel et organisationnel, il faut citer la refonte des OST, qui a été l'une des principales mesures entreprises (et pas l'une des plus simples). Il s'agit de regrouper les dix OST dans un ensemble cohérent, baptisé, groupe Al Omrane, constitué d'une société holding au niveau central et de sociétés régionales filiales. Autre pierre placée dans l'édifice de la réforme institutionnelle: la mise à niveau et la création de nouvelles agences urbaines. A ce titre, un projet de décret, actuellement à l'étude au secrétariat général du gouvernement (SGG), institue cinq nouvelles agences urbaines, et plus précisément à Nador, Ouerzazate-Zagora, Oued Eddahab-Aousserd, Errachidia et Guelmim-Semara. Le but est d'assurer une généralisation des agences urbaines. Par ailleurs, Hjira a estimé que plus d'une quarantaine de délégations à travers le Maroc était "un luxe que le ministère de l'Habitat ne peut pas se permettre". D'où l'idée de conserver seize directions régionales et redéployer le reste dans les agences urbaines déjà existantes ou qui verront le jour bientôt. Sur le plan juridique, citons notamment, la réforme de l'urbanisme qui a consisté à organiser la procédure de dérogation en faveur des projets d'investissement (en responsabilisant les instances locales) et l'institution de comités de vigilance au niveau provincial sous la supervision des walis et gouverneurs. Sans oublier la réduction sensible des délais d'octroi des autorisations de l'urbanisme. Sur ce point, Settat est citée comme modèle par le ministre de l'Habitat. Face à ces réformes tous azimuts, le budget du ministère de l'Habitat et de l'urbanisme a été fortement dopé (+57%), notamment après le doublement de la taxe sur le ciment qui est passé à 10 DH la tonne. Sans oublier la mobilisation du financement extérieur, à travers des agences française (AFD), américaine (USAID), européenne (BEI) et arabe (FADES). Côté citoyen, rappelons la mise en place de fonds de garanties, qui permettront à 3 ou 4 millions de familles de bénéficier de crédits à des conditions avantageuses. Avec tous ces moyens (jamais rassemblés au sein de ce département), Hjira sera désormais jugé aux résultats. D'ailleurs, il le dit lui-même: "l'année 2004 sera celle des réalisations".