Hassan est puisatier au douar Lakliâ, à Inzegane-Aït Melloul. Père de deux enfants, il ignore les raisons pour lesquelles il ferme ses yeux sur le comportement adultère de sa femme. On est au vingt et unième siècle. Et plus précisément en l'an 2001. Et pourtant, la majorité des régions rurales marocaines, pour ne pas dire toutes, ne disposent pas des réseaux de égouts. Encore moins de réseaux d'eau potable. La région de Lakliâ, à Inzegane-Aït Melloul, province d'Agadir en est un. C'est un chantier très favorable pour les puisatiers. Hassan, quarante-deux ans, s'adonne à ce métier et en fait son gagne-pain. Il a une femme, qu'il aime et avec laquelle il a deux enfants. Seulement l'amour est incompatible à l'indignité, à la mesquinerie, et à la bassesse. Hassan ignore ce qu'il lui est arrivé après son mariage avec Aïcha, trente-huit ans. Il ignore même si vraiment il a quelque chose d'anormal par rapport aux autres maris. Autrement-dit, il ne se rend pas compte de son état passif. Sa femme racole parfois des chercheurs du plaisir pour avoir de l'argent. Elle se prostitue. Pire encore, elle boit, fume des cigarettes et également du haschisch. Alors que Hassan, comme disent les blagueurs, ressemble à une bicyclette, il ne consomme rien, ni essence ni gasoil. Et pourtant il ne réagit pas. Pourquoi ? Personne ne sait. Mais les mauvaises langues parlent de la sorcellerie. Tarek est, lui aussi, un puisatier de trente-deux ans. Seulement il est paresseux. Il n'aime pas beaucoup travailler. Il se contente de se débrouiller pour avoir de quoi acheter une bouteille de Mahia (eau de vie) et des cigarettes. Il a rencontré, quelque part, Hassan qui va devenir un ami très proche. Il l'invite de temps à autre chez lui, l'encourage à travailler, à laisser tomber la vie de vagabondage. Les jours passent et Hassan, Tarek et Aïcha se rencontrent d'une fois à l'autre autour de la même table, pour déjeuner ou dîner. Aïcha s'habitue à Tarek, tombe amoureuse de lui. Elle n'hésite pas à se rapprocher de lui pour finir dans son lit. Ils commencent à coucher ensemble. Le mari Hassan, ne dit rien, garde le mutisme comme si elle n'était pas sa femme. C'est inconcevable ; Tarek et Aïcha font l'amour dans une chambre et Hassan et ses deux enfants dorment dans l'autre. Une image qu'on n'accepte même pas dans un film. La chaleur de l'été encourage Hassan à s'asseoir au seuil de sa demeure, cette nuit d'août. Sa femme le rejoint, une cigarette entre les doigts. Tarek arrive. Il n'était pas seul. Il est en compagnie de Saîd et Abdellah. Ce sont deux amis à lui. Ils portaient des bouteilles de Mahia. Le trio et Aïcha commencent à se saouler. Hassan s'asseoit près d'eux. Il ne s'enivre pas, ne fume pas et ne parle pas, mais boit un verre de thé. “Il n'y a plus de Mahia“ dit Tarek. Aïcha n'hésite pas à lui verser 50 dh pour aller en chercher et en même temps elle tend un billet de 2 dh à son époux pour aller chercher des cigarettes. Aïcha reste avec Saïd et Abdellah au seuil de la maison. Elle entre dans sa demeure, appelle Saïd. Il la suit, la trouve toute nue sur le lit. Il se dénude à son tour, et se jette sur le corps offert. Enfin il met un billet de 50 dh sur son lit avant de sortir. Son ami Abdellah croit que son tour est arrivé, entre et commence à se dévêtir. Aïcha crie:“sort de là «A Lahmar». Abdellah s'énerve, la gifle, la repousse. Elle refuse.“Tu ne me plais pas, sort de là“ crie-t-elle encore une fois. Abdellah sort. Tarek et Hassan arrivent. Hassan rejoint ses deux enfants pour dormir. Aïcha continue à se chamailler avec le trio. 5h du matin. Ils se soûlent toujours. Abdellah isole Tarek dans un coin, lui confie le secret. Tarek s'énerve, ne parle pas à son ami Saïd. Il a tenté de laisser cette nuit passer sans problème. Le lendemain, il se réveille, fait des reproches à Aïcha avant de s'en aller. Le soir Tarek retourne chez son amante, il lui en veut une fois encore. Il boit une bouteille de Mahia, la gifle. Elle tombe et se relève. Il la jette par terre. Elle crie. Hassan qui était là n'intervient pas. Tarek continue de la maltraiter à coups de pieds et de poings avant de sortir. Hassan ne dit rien, ne réagit pas, sauf pour évacuer sa femme à l'hôpital, et informer le médecin qu'elle est tombée des escaliers. Le lendemain, Aïcha rend l'âme. Hassan l'enterre. Malheureusement pour lui, une voisine du quartier n'a pu rester bouche cousue. Elle avise la police. Tarek, Hassan, Abdellah et Saïd ont été arrêtés.