La recherche de meilleures conditions de travail, un salaire plus élevé et des perspectives de carrière plus avantageuses sont autant de facteurs qui poussent nos médecins à traverser la Méditerranée. Chaque année, des médecins marocains décident de plier bagage pour aller exercer en Europe. Selon une étude du Femise (Forum euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques) sur l'émigration des médecins en date de fin avril 2012, 6,6% des médecins marocains ont émigré en Europe contre 7,1% d'Algériens et 5,6% d'Egyptiens. C'est au Liban et en Syrie que les taux d'émigration les plus élevés ont été enregistrés avec respectivement 19,6 et 17,5%. Autre chiffre important dévoilé par le rapport : 31% des médecins marocains exerçaient en Europe en 2006, contre 44% d'Algériens et 33% de Tunisiens. Des statistiques qui révèlent que l'émigration des blouses blanches est devenue en quelques années un véritable phénomène social. La recherche de meilleures conditions de travail, un salaire plus élevé et des perspectives de carrière plus avantageuses sont autant de facteurs qui poussent nos médecins à traverser la Méditerranée. «Les candidats au départ sont attirés par les avantages relatifs offerts par les pays de l'Union européenne. Gagner plus leur permet d'être à l'aise et de vivre mieux. Il faut également considérer les avantages non pécuniaires, la possibilité d'évoluer professionnellement et de faire carrière», souligne Ahmed Driouchi, auteur du rapport et professeur d'économie à l'Université Al Akhawayn. Toujours est-il qu'à leur arrivée en Europe ils découvrent une toute autre réalité. Bon nombre de médecins issus du Moyen-Orient et du Maghreb ne bénéficient pas d'un système d'équivalence. Et par conséquent, ces médecins migrants ont un statut moins intéressant que leurs collègues formés dans le pays d'accueil. Ils sont amenés à occuper des postes de moindre importance en attendant de passer les équivalences et les tests d'admission. Rappelons qu'en France les sénateurs avaient ratifié en janvier 2012 à l'unanimité une proposition de loi prolongeant du 31 décembre 2014 au 31 décembre 2016 la date butoir pour les médecins pour valider une épreuve de vérification des connaissances et donc pour pouvoir continuer à exercer dans les hôpitaux. Venus pour la plupart du Maghreb, ces professionnels de santé pallient depuis de nombreuses années les difficultés de recrutement des hôpitaux français, où ils représentent parfois jusqu'à 30% du personnel. Cette émigration de nos médecins n'est pas sans conséquences. En effet, elle ne fait qu'affaiblir le système de santé et constitue une menace importante pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de santé. Il n'est pas inutile de rappeler que le Maroc souffre d'une pénurie aiguë en personnel de santé avec seulement 6 médecins pour 10.000 habitants. Il y a encore quelques jours, le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, avait indiqué au Parlement que le pays accuse un manque de 7.000 médecins et de 9.000 infirmiers.