«Ma vie suit son cours normal. J'exerce mes fonctions comme je l'ai toujours fait. Ces menaces ne réussiront pas à me dissuader». Mustapha Ramid est en danger. Une information qui ne cesse de retentir ces derniers jours, ouvrant le champ à plus d'une interprétation. En effet, la sécurité du ministre de la justice et des libertés préoccupe les Marocains, qui depuis la propagation d'une menace de mort adressée directement au ministre pjdiste, commencent à s'inquiéter et surtout à s'interroger sur la crédibilité de la nouvelle. «Comme tous les marocains, j'ai découvert la menace dans les médias. Sincèrement je ne veux pas accorder beaucoup d'importance à ce sujet», a confié, sereinement, à ALM Mustapha Ramid. Et d'ajouter que «Ma vie suit son cours normal. J'exerce mes fonctions comme je l'ai toujours fait. Ces menaces ne réussiront pas à me dissuader». En effet, Mustapha Ramid se voit cibler par le mouvement «Tawhid Wal Jihad». D'après ce groupe, le ministre est taxé de mécréance et appelé à se repentir. Qui veut la peau de Mustapha Ramid ? «Ce n'est pas la première fois que ce dénommé groupe menace le Maroc. Il s'agit du troisième communiqué diffusé à l'égard du gouvernement Benkirane», indique Mohamed Darif politologue. Selon M. Darif, le groupe veut mettre en doute, sous un référentiel religieux, la représentation du courant islamiste du Parti de la justice et du développement. Le politologue a évoqué, à titre d'exemple, la lettre ouverte diffusée par «Al Adl Wal Ihssan» au lendemain de la montée du PJD au pouvoir, l'accusant d'adopter «un islam makhzanien qui légitime la dictature». Malgré ce buzz, créé par les menaces, aucun indice ne confirme l'existence dudit groupe salafiste. «On est face à des lettres mortes, le mouvement reste virtuel jusqu'à preuve du contraire», souligne le politologue. Un avis partagé par Abdellah Rami, spécialiste en Islam politique. «Le gouvernement doit examiner la véracité des communiqués émis par le présumé groupe et s'assurer de son appartenance à d'autres mouvements salafistes déjà existants», nous confie M. Rami. L'appellation «Tawhid Wal Jihad» fait référence, en effet, à un mouvement démantelé en 2006 et dont une grande partie de ses membres sont incarcérés. Si Abdellah Rami classe ses menaces dans la case de règlement de compte, l'islamologue Saïd Lakhal tire la sonnette d'alarme. «Le mouvement a toujours existé. Il ne faut pas prendre à la légère ces menaces sachant que de nombreuses personnalités et institutions ont été précédemment ciblées», affirme M. Lakhal. Y'a –t-il un amalgame entre les deux organisations ? Ou bien un nouveau réseau salafiste est en train de se créer ?