Les présidents des équipes d'élite menacent même de boycotter le reste des matchs du championnat Pro Elite-1 et ceux de la deuxième division, au cas où leurs griefs venaient d'être refusés. Le principe de base est d'être tous égaux devant la loi. Cependant, partout dans le monde, il y a des dispositions qui sont spécifiquement ou exceptionnellement prises pour encourager tel ou tel secteur surtout à ses débuts. Ainsi au Maroc des mesures incitatives, notamment d'ordre fiscal, ont été prises dans le cadre de certains codes d'investissement et autres. En ce moment la même logique est poursuivie dans certains secteurs comme celui du sport notamment. La professionnalisation du football passe forcément par la création de structures économiquement viables et performantes car le développement soutenu du sport passe par la mise à disposition des professionnels du secteur des moyens financiers renouvelables. C'est ce qui a été apporté par la loi de Finances 2012 qui ne cesse d'animer les débats de l'opinion publique. Elle prévoit de taxer les salaires des joueurs et des cadres des clubs de football à hauteur de 38%. En effet, les joueurs des équipes de football du championnat national Pro Elite-1 ont décidé de porter le brassard noir pour protester contre l'impôt sur le revenu qui leur sera bientôt imposé par la loi de Finances 2012. Réunis jeudi dernier à Casablanca, les présidents des équipes d'élite menacent même de boycotter le reste des matchs du championnat Pro Elite-1 et ceux de la deuxième division, au cas où leurs griefs venaient d'être refusés. Des rencontres seraient prévues avec le ministre des finances, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), ainsi qu'avec le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, afin de reporter l'application de l'impôt. Contacté par ALM, Mohamed Ouzzine, ministre de la jeunesse et des sports, a expliqué que «la loi 30/09 a prévu que les clubs sportifs auront le statut de sociétés anonymes (SA) et a prévu un certain nombre d'avantages incitatifs sur le plan fiscal. Ces dispositions avantageuses visent à attirer l'investissement dans le sport et représentent un véritable apport de l'Etat au développement du sport en général». Et de poursuivre que «si l'impôt général sur le revenu (IGR) est de 38% pour les salariés du secteur public par exemple, il est de 30% seulement pour les salariés des entreprises sportives, après un abattement de 40%. Pour ce qui est de l'Impôt sur les sociétés, qui est de l'ordre de 35% pour les entreprises commerciales, il est uniquement de 17,5% pour les entreprises sportives». Et d'ajouter : «Toutefois, des mesures d'accompagnement seront prises, et les intérêts des concernés seront pris en considération étant donné que nous sommes au début d'un processus que nous ambitionnons de réussir ensemble. Demain une réunion est prévue avec les présidents des clubs et je suis très confiant. Le mot d'ordre: Consultation, Consensus, Engagement. L'impôt n'a jamais été un frein au développement d'une activité. C'est plutôt l'un des plus fiables indicateurs de maturité», a conclu M. Ouzzine. Pour sa part, Moncef Yazghi, un chercheur en sport, a souligné qu'«il y a des clubs qui sont plus riches que d'autres et des joueurs plus prisés que d'autres, mais les niveaux des salaires atteints par un grand nombre de joueurs impliquent que l'Etat ne doit pas fermer les yeux sur les impôts qui lui sont dus». M. Ouzzine ajoute qu'«aujourd'hui les footballeurs sont des actifs comme les autres avec un niveau de salaires bien au-dessus de la moyenne de la population. Il est tout à fait légitime qu'ils contribuent fiscalement comme tous les citoyens de ce pays».