«Chrif» c'est le surnom qu'il porte depuis longtemps. C'est à la salle d'audience de la Chambre correctionnelle près le Tribunal de première instance, à Casablanca, que ses victimes ont appris, pour la première fois, qu'il s'appelle Abdellah. «Chrif» c'est le surnom qu'il porte depuis longtemps. C'est à la salle d'audience de la Chambre correctionnelle près le Tribunal de première instance, à Casablanca, que ses victimes ont appris, pour la première fois, qu'il s'appelle Abdellah. Même ses voisins ne le savaient pas. Ils l'appelaient tous Chrif, pour eux, c'est un homme pieux, à la baraka, qui pratique ses cinq prières à temps. Depuis son arrivée de Kelâat Sraghna, au début des années 80, il jouissait d'une bonne réputation et du respect des voisins. Mais, personne n'a jamais cru un jour le voir menotté et emmené par des policiers pour....escroquerie. Certes, ses voisins se rappellent qu'il n'était qu'un simple tailleur traditionnel. Toutefois, personne ne s'est posé la question pourquoi s'est-il transformé en fkih ? Devant la police, il a expliqué que le changement avait eu lieu après avoir constaté que ce genre de business rapporte mieux que la couture. Il lui fallait juste une djellaba, des babouches, quelques livres qui ont trait à la sorcellerie, apprendre par cœur quelques versets du Coran et inventer une histoire. Effectivement, il prétend avoir rêvé de «Bouya Omar» lui donnant la baraka et lui a intimé l'ordre d'assumer sa responsabilité de guérir les patients et d'exorciser les possédés. Il a tout nié devant le tribunal, affirmant qu'il écrivait juste des talismans à quelques patients tout en leur recommandant de consulter des médecins. Cependant, le tribunal lui a fait lecture des déclarations de ses différentes victimes dont la majorité n'a pas répondu à la convocation du tribunal. L'une d'elles a affirmé que le mis en cause l'avait obligée à se dénuder pour lui toucher ses parties intimes. Une autre avait expliqué qu'il lui a demandé qu'il doit passer quelques jours chez elle suite aux instructions du djinn. Mais, elle a refusé et s'est adressée à la police pour déposer plainte. Une troisième a affirmé lui avoir versé la somme de deux mille dirhams pour ensorceler son amant et l'obliger à l'épouser. Quant aux victimes qui ont assisté à l'audience, elles ont affirmé avoir été arnaquées par le suspect qui leur vendait des rêves irréalisables. Bien qu'il ait nié avoir escroqué ses victimes, il a été jugé coupable et a été condamné à deux ans de prison ferme assortie d'une amende de cinq mille dirhams.