En plus de mettre de l'ordre là où il n'y en a plus, le ministère veut faire de l'académie non seulement un temple du savoir et donc de l'apprentissage des techniques du métier et de l'intériorisation de la déontologie qui en fonde l'exercice, mais encore un centre de recherche. Le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement sait manier le symbole. Il en a fourni la preuve, vendredi matin, en donnant le coup d'envoi à l'ISIC d'une journée de réflexion sur la refonte du système de formation aux métiers du journalisme. Aux cadres et aux élèves de l'honorable institution, dont le directeur a précisé qu'en 40 ans elle a formé plus de 1.000 journalistes, Mustapha El Khalfi a dit ce qui plaide pour la réforme de l'apprentissage de la communication et qui en fonde l'urgence. Il a donc évoqué le contexte dans lequel prend place le processus d'information et les événements qui sont en train de le transformer. Le ministre a ainsi parlé des progrès technologiques qui, en changeant les procès et les manières d'émettre et de recevoir, transforment également le contenu des messages. Mais surtout, il a parlé de la nouvelle donne politique qui, selon lui, impose un nouveau style de communication. La Constitution du 1er juin, la démocratisation et l'élargissement du champ des droits et des libertés requièrent une nouvelle approche et donc une manière inédite d'exercer les métiers de l'information. Et il y a à faire, a ajouté El Khalfi. Au plan du contenu d'abord dont le faible niveau l'a conduit à mettre ses pas dans ceux du secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et du président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) qui ont dit leur inquiétude face à la détérioration de la pratique de la profession. Dérives déontologiques, incompétences professionnelles, liberté d'exercice frisant l'anarchie… au fil des démissions et des compromis, «le journalisme est devenu le métier de ceux qui n'en ont pas». Il est temps de mettre de l'ordre dans ce qui a fini par devenir une presse de trottoir, ont estimé la plupart des intervenants à la journée d'étude sur «Les problématiques de la formation dans les métiers de l'information et de la communication au Maroc». Il est donc temps de relever les défis de la formation et de les anticiper en engageant «une politique volontariste en matière de formation et de renforcement des compétences». Ce qui dans les couloirs de l'Institut des sciences de l'information et de la communication (ISIC) a été entendu comme un appel à la mobilisation des énergies afin de répondre «aux besoins qui découlent des choix stratégiques nationaux en formation des ressources qualifiées et en harmonie avec les mutations que connaît le Maroc». Corollaire de cette vérité première : œuvrer à garantir une présence convenable sur la scène médiatique internationale. La majorité des participants entend même cet objectif faussement subsidiaire comme la nécessité d'assurer au Maroc un meilleur rayonnement à l'international. Outre des recommandations qui ont établi le moyen de rehausser le niveau des métiers de la communication, El Khalfi a fait un autre pas en direction de ces lendemains qui enchantent en déclarant son intention de créer une académie des sciences de la communication dans les quatre ans. Polyvalente, il y sera question de presse écrite et audiovisuelle, de cinéma et de publicité. En attendant cette signalée échéance, l'ISIC renouera avec le long cours en renouant avec les masters et les doctorats. Sans doute l'aveu que c'est la licence qui a enfanté le journalisme au rabais décrié par tous. Encore que le SNPM et la FMEJ ne soient pas exempts de tout reproche en ce qu'ils acceptent l'un et l'autre que les métiers de la communication soient ouverts comme un fondouk. A tout venant. Même sans Bac. Alors en plus de mettre de l'ordre là où il n'y en a plus, le ministère veut faire de l'académie non seulement un temple du savoir et donc de l'apprentissage des techniques du métier et de l'intériorisation de la déontologie qui en fonde l'exercice, mais encore un centre de recherche. «Afin d'anticiper les évolutions d'un secteur-clé de la vie communautaire !», ont déclaré plusieurs intervenants.