La contrebande des marchandises en provenance de Sebta est très active. Elle permet l'approvisionnement d'un nombre important de marchés en produits très prisés par les consommateurs marocains. Rien ne peut freiner l'engouement des Marocains pour les produits de contrebande en provenance de Sebta. A cet effet, des milliers de porteurs et de contrebandiers font le passage chaque jour par le poste frontière Bab Sebta pour ramener des grands entrepôts, situés à l'entrée de la ville occupée, des kilos de marchandises. «La contrebande qui fait vivre un grand nombre de Marocains, en particulier des habitants des villes et localités avoisinantes du poste frontière, porte atteinte à l'économie marocaine. Alors qu'elle demeure un facteur essentiel de la relance économique de Sebta», explique à ALM Mohamed Hamed Ali, président de l'Association «Communauté musulmane» de Sebta. Par ailleurs, l'acheminement des produits de contrebande via Bab Sebta en vue d'en approvisionner les différents marchés au Maroc n'est pas de tout repos. Il est assuré en grande partie par des porteurs. Originaires de la wilaya de Tétouan mais aussi d'autres régions marocaines, ces derniers dont la majorité est composée de femmes surnommées «mujeres mulas» (femmes mulets) doivent faire la queue très tôt le matin afin de pouvoir se rendre de l'autre côté de la frontière avant 7h, heure de l'ouverture des entrepôts situés dans la zone Tarajal. «La plupart de ces femmes pratiquent cette activité depuis plus d'une dizaine d'années et sont devenues des familières des éléments des deux points de contrôle marocain et espagnol. Elles ont également réussi avec le temps à gagner la confiance des commerçants marocains. Ceux-ci les emploient pour faire passer leurs marchandises par la frontière», confie un vendeur sebtaoui d'origine marocaine dans la zone Tarajal. Par ailleurs, cette zone se présente comme un gigantesque marché, qui compte plus de 250 entrepôts dont la superficie varie entre 70 et 200 m2. Ces entrepôts regorgent de toutes sortes de produits: détergents, gels douche et shampooings, couches pour bébés, mortadelle, fromage et conserves... Il y en a qui sont spécialisés par exemple dans la vente des électroménagers, des draps, des serviettes, des vêtements ou des pièces de rechange automobiles. «90% des produits vendus par ces entrepôts sont acheminés vers les marchés au Maroc», précise M. Hamed Ali, faisant remarquer qu'il y a un lobby qui influe sur cette activité. «Ce lobby est chargé de faciliter l'approvisionnement des grands commerçants, en particulier les Casablancais en produits de contrebande en provenance de Sebta. Il emploie ainsi chaque jour une cinquantaine de femmes pour le passage de la marchandise via le poste frontière. La grande quantité de produits de contrebande sera chargée vers minuit dans des voitures. Lesquelles sont généralement munies de fausses plaques d'immatriculation que les conducteurs peuvent abandonner sur la route et prendre la fuite à l'approche d'un barrage de contrôle». Il est à rappeler que les produits vestimentaires et alimentaires de contrebande en provenance de Sebta connaissent une forte demande, principalement des nordistes pendant les fêtes religieuses et de fin d'année. «Ces produits qui ne sont pas soumis au contrôle des services d'hygiène et de santé espagnols peuvent être à l'origine des cas d'intoxication graves. Les nouvelles étiquettes de ces produits dont est modifiée la date limite de consommation sont fabriquées à l'intérieur même des entrepôts», dit M. Hamed Ali, avant de conclure que «ces produits doivent faire l'objet d'un contrôle rigoureux par les services marocains concernés avant leur commercialisation sur les marchés au Maroc».