Mercredi 13 février, la Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Casablanca ouvre le procès du commissaire principal, chef du service des accidents de la circulation de l'Oasis (SAC2). Une lettre dénonciatrice anonyme a été réçue par la préfecture de police de Casablanca. Elle n'est pas ordinaire et n'est pas exceptionnelle non plus. Mais elle laisse soulever des interrogations. Pourquoi un an après l'accident de la circulation qu'on dénonce un pot-de-vin a été versé pour falsifier le procès-verbal et notamment le croquis ? Qui a envoyé cette lettre anonyme et pourquoi ? Telles sont les questions qui hantaient l'esprit des éléments de la police. Seulement ce qui importait pour eux, c'est de savoir si ces accusations sont vraies ou fausses. Et ils ont donné le feu vert aux investigations. Le 20 août 2000, une voiture marque Audi qui venait de la rue Abou Al Ala Al Kazouini donnant sur la rue Ibn Sina, Casa-Anfa a brûlé le feu rouge et heurté une Honda, à bord de laquelle il y avait le conducteur et sa femme. Cette dernière a été gravement blessée. Le constateur du service des accidents de la circulation 2 de Casa-Anfa, siégeant au quartier, l'Oasis (SAC2), le policier Bouchaïb, s'est dépêché sur le lieu pour effectuer le constat d'usage. Le conducteur de la Honda était encore sur place. Le constateur lui a demandé :“ Pourquoi tout cet excès de vitesse ? Qui est le fautif ? “ . Aucune réponse. Or, le constateur a remarqué des traces prouvant que le conducteur de l'Audi conduisait à une grande vitesse. Son conducteur n'était pas sur les lieux, il a accompagné son épouse, gravement blessée à l'hôpital. Le constateur, Bouchaïb, a fait le croquis montrant comment sont disposées les deux voitures. Deux mois plus tard, la femme, victime de l'accident rendit l'âme. Son mari se rend au commissariat du SAC2 pour mettre entre les mains de la police des documents nécessaires pour la procédure. Il a rencontré l'inspecteur de police, Abdelkbir. Ce dernier lui a confié qu'il connaît un témoin qui a assisté à l'accident en question et qui est prêt à témoigner en sa faveur. Sauf qu'il lui faut quelque chose en contrepartie. Le mari, Ahmed, a accepté sans discussion. Le policier, Abdelkbir, s'est adressé au gardien des voitures, Bouâzza, lui demandant de témoigner en faveur du conducteur de l'Audi, qui sera généreux avec lui. Bouâzza a refusé dans un premier temps. Abdelkbir a insisté. Bouâzza, qui n'a rien remarqué et a besoin d'argent fini par accepter l'offre. Ils l'ont sollicité de dire que le fautif est le conducteur de l'Audi de couleur bleu ciel. Et il a répondu favorablement à leur sollicitation contre une somme de mille cinq cents dirhams. En décembre 2000, l'inspecteur de police, Mustapha, du SAC2 s'est rendu chez le constateur, Bouchaïb, lui demandant de falsifier le croquis. Il a obtempéré contre un billet de deux cents dirhams. Le témoignage du gardien Bouâzza, ne s'est pas arrêté là, il est allé plus loin en se rendant devant le tribunal et en donnant le même témoignage après avoir prêté serment et ce, contre quatre cents dirhams. Les trois policiers, Bouchaïb, Mustapha et Abdelkbir ont déclaré devant le juge d'instruction qu'ils ont réagi sous les instructions du chef du SAC2. Le commissaire principal, chef du SAC2, rejette ces accusations. Il a expliqué au juge d'instruction de la troisième chambre auprès de la Cour d'Appel qu'il n'est qu'un bouc émissaire en raison de certains règlements de compte et son arrestation n'est autre que le résultat d'une vengeance contre son refus d'obtempérer aux ordres illégaux de ses supérieurs.