Interdire les régularisations massives et restreindre l'octroi du permis de séjour figurent parmi les principales mesures annoncées par le Parti populaire, grand gagnant des législatives espagnoles. Le futur gouvernement conservateur espagnol qui entrera en fonction dans quelques semaines durcit la loi sur l'immigration. Le Parti populaire (PP), dirigé par Mariano Rajoy, qui a remporté la majorité absolue lors des législatives du 20 novembre 2011, veut introduire de nouvelles réformes à ce sujet. Celles-ci portent sur l'interdiction des régularisations massives et la restriction de l'octroi du permis de séjour. Des mesures jugées nécessaires par le parti en raison de la crise économique qui sévit dans le pays. S'agissant du permis de séjour, rappelons que ce document est attribué par l'administration espagnole sous deux conditions : le travailleur immigré doit avoir résidé plus de trois ans en Espagne et justifier d'un contrat de travail. Le président de la commission de l'immigration du PP, Rafael Hernando, n'a pas manqué de critiquer ce document en déclarant dans des déclarations à l'agence Europa Press que «cette autorisation exceptionnelle avait été généralisée, incitant des milliers d'immigrés à venir de façon illégale puis rester en Espagne en espérant obtenir leur régularisation». A travers cette réforme de la loi sur l'immigration, le futur gouvernement souhaite encourager «l'immigration circulaire en relation avec l'emploi» et «décourager l'immigration illégale». Pour cela, un visa temporaire de recherche d'emploi sera délivré à tout étranger souhaitant se rendre en Espagne pour trouver un emploi. Une fois le visa expiré, l'immigré n'aura d'autres choix que de retourner dans son pays s'il ne réussit pas à trouver un emploi. L'autre grande réforme du Parti populaire dans la politique migratoire espagnole est l'incitation au retour volontaire, une mesure qui figure d'ailleurs dans la loi sur l'immigration réformée en 2011 par le gouvernement socialiste. Le plan de retour volontaire d'immigrés chômeurs qui permet aux participants de bénéficier d'une compensation financière équivalente à 40% de leur indemnité chômage a connu un véritable échec. Peu d'immigrés ont adhéré à ce plan en raison des conditions draconiennes qui sont imposées par l'administration d'Espagne. Ainsi, les immigrés qui acceptent ce retour volontaire doivent impérativement renoncer à leur carte de séjour et attendre trois ans avant d'être autorisés à revenir pour vivre et travailler en Espagne. Et pourtant, lors de sa mise en œuvre, le gouvernement espagnol estimait que quelque 100.000 immigrés, pour la plupart en provenance du Maroc, de l'Equateur et de Colombie, étaient concernés par cette mesure. Pour remédier à cette situation, le PP propose dans sa nouvelle loi que «l'étranger au chômage qui opte pour le retour volontaire à son pays ne perd pas son permis de séjour». Pour rappel, avec plus de 791.000 personnes à fin juin, les Marocains constituent la première communauté étrangère extracommunautaire (en dehors de l'Union européenne) légalement établie en Espagne.