Deux avions militaires espagnols ont survolé à basse altitude, jeudi 5 février, l'espace aérien marocain. Le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, a convoqué l'ambassadeur d'Espagne à Rabat pour lui demander des explications. Le ministère espagnol des Affaires étrangères, considère qu'il s'agit d'un incident regrettable dû à des conditions météorologiques mauvaises. Une version peu crédible puisqu'il s'agit d'avions du Type C-101 qui peuvent être équipés de caméras et de matériel de surveillance. La réaction du gouvernement espagnol aux protestations officielles du gouvernement marocain contre la violation de l'espace aérien national n'a pas tardé. Dans un communiqué rendu public, hier, à Madrid, par le bureau d'information diplomatique du ministère des Affaires étrangères a indiqué que le gouvernement espagnol "regrette" le survol de la ville de Nador par des avions militaires espagnols. Cette violation de l'espace aérien serait due "à des conditions météorologiques adverses", selon les explications avancées par le communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères. "La visibilité dans la zone était très faible (5 km) et le toit des nuages très bas (500 m)", a expliqué le gouvernement espagnol qui a indiqué que deux avions appartenant à l'armée de l'air espagnole ont effectivement violé l'espace aérien marocain, samedi. Toutefois, le communiqué a précisé que cette intrusion était due au fait que "la visibilité dans la zone était très faible", ce qui a contraint les deux appareils, des avions de combat C-101 à "dévier leur route". Toujours selon la version espagnole, les deux avions sont des appareils de formation du groupe Ecoles de Matacan située dans la région de Salamanque qui se dirigeaient à la ville marocaine occupée de Melilla afin d'y effectuer des exercices. Ces avions, selon le gouvernement espagnol, n'étaient pas armés et n'étaient pas équipés de caméras ou de systèmes d'observation. Le communiqué espagnol affirme aussi que "toute l'information sur cet exercice a été transmise par voie diplomatique aux autorités marocaines". Rappelons que le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération (MAEC) avait convoqué, samedi, l'ambassadeur du Royaume d'Espagne à Rabat, Fernando Arias Salgado, afin de lui communiquer le "mécontentement des autorités marocaines à la suite du survol à basse altitude de la province de Nador par des avions de chasse espagnols dans la matinée du jeudi 5 février". Les protestations marocaines ont été communiquées au chef de la représentation diplomatique espagnole par le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taïeb Fassi Fihri. Selon un communiqué du MAEC, Taïeb Fassi Fihri a précisé qu'il "s'agit là, d'une première du genre au sujet de laquelle le gouvernement de Sa Majesté le Roi demande des explications de la part des autorités espagnoles". Des explications qui ne se sont d'ailleurs pas fait attendre. Toutefois, il y a lieu de se demander sur la crédibilité de la version espagnole et ce pour deux raisons. D'abord, il est une aberration que de prétendre que des avions militaires puissent s'égarer aussi maladroitement et rater leur destination. Car, un avion de chasse ne navigue pas à vue. Les avions, en général, et les appareils militaires en particulier, ne nécessitent pas une absence totale du brouillard pour retrouver leur chemin et arriver à leur destination. D'ailleurs, les deux appareils espagnols se sont aventurés plus de trois kilomètres dans l'espace aérien marocain et ont survolé la ville de Nador à basse altitude. Aussi, doit-on préciser que, concernant cette question de brouillard et de conditions météorologiques adverses, la version espagnole présente des contradictions évidentes. Ainsi, il est logique de se demander comment deux avions militaires de formation peuvent-ils recevoir l'autorisation de décoller des bases aériennes de l'école de l'armée de l'air située dans la province de Salamanque dans des conditions météorologiques aussi difficiles et s'aventurer à vouloir atterrir à l'aéroport militaire espagnol installé au préside occupé de Melillia. En plus, il faut préciser que le genre d'avions employés sont réputés pour leur utilisation dans les opérations d'observation et d'exploration du "territoire ennemi" car ils offrent la possibilité d'être équipés de caméras et de système d'observation. Sachant que les deux appareils survolaient le territoire marocain à basse altitude, il est facile de déduire le but réel d'une telle action. Par ailleurs, l'intrusion dans l'espace aérien du Maroc qui a eu lieu samedi n'est pas la première du genre. Les avions militaires espagnols font de temps en temps des incursions dans l'espace aérien marocain dans les deux régions des deux villes occupées de Sebta et Melillia. Mais, ces violations sont généralement réduites à de petites aventures que les autorités marocaines tolèrent vu leur caractère limité et préférant ne pas provoquer des incidents diplomatiques avec le voisin du nord. Rappelons qu'en pleine crise entre les deux pays et alors que les efforts diplomatiques de pays tiers tentaient d'apaiser la tension entre les deux pays après l'occupation par l'armée espagnole de l'îlot marocain Leila, les avions militaires espagnols violaient quotidiennement l'espace aérien marocain dans des opérations de provocation et de tentative d'intimidation. Ainsi, ce qui est arrivé samedi prouve que tant que les grandes questions de souveraineté n'ont pas été débattues entre les deux parties, il n'y aura jamais une réconciliation solide basée sur le bon voisinage et sur le respect mutuel. Pour bâtir des relations solides, il ne suffit pas d'échanger des visites ou seules sont employées des formules diplomatiques vagues et circonstancielles. Omettre de discuter sur des dossiers aussi élémentaires que la décolonisation des deux enclaves occupées de Sebta et Melillia et des î les adjacentes, ou éviter de chercher à clore définitivement la question des frontières maritimes entre le Maroc et l'archipel canarien ne sert aucunement les intérêts des deux pays voisins. Il est temps que les deux parties se mettent à débattre de tous leurs différends au lieu de les ajourner sine die au risque d'en perdre le contrôle un jour comme il a failli arriver lors de la crise de l'îlot Leila.