Saïd Qodaid est un artiste-peintre professionnel, qui vit de sa peinture et qui est parfois obligé de faire deux à trois expositions par an. ALM : Vous ne craignez pas que les sujets traités dans vos tableaux ne vous confondent avec les peintres qui font de la peinture «folklorique» ? Saïd Qodaid : C'est justement là l'une des raisons qui me portent à peindre des sujets qu'on voit un peu partout. Nous avons l'habitude de regarder la peinture orientaliste, la peinture adressée aux touristes, la peinture carte-postale… Ce n'est pas le sujet qui compte, mais le traitement qu'on en fait. D'une certaine façon, j'oblige le spectateur à regarder autrement ses sujets, puisque je ne les lui livre pas à sa taille, mais à la mienne. Ils sont passés par la tête et les mains d'un peintre. Vous exposez combien de fois par an ? Si l'on considère une exposition au sens d'un travail nouveau que le peintre présente à son public, j'en fais au maximum une par an. Mais étant donné que je suis un artiste-peintre professionnel et que je vis de ma peinture, je suis parfois obligé de faire deux à trois expositions par an. Cela ne signifie pas pour autant que je montre du nouveau deux à trois fois par an. Les trois expositions s'articulent généralement autour d'une idée. Ces expositions sont indispensables pour vendre. Comment est la vie d'un peintre professionnel ? C'est un combat ! Les peintres de ma génération le vivent au quotidien. Les difficultés sont le lot du peintre marocain. Le ministère de la Culture ne fait aucun effort pour aider les jeunes peintres. Et il n'y a pas de galeries professionnelles. Il existe seulement des salles d'exposition. Les encadreurs ne peuvent pas travailler seuls. Il leur faut l'assistance de l'artiste ou de personnes qui ont du goût. C'est le désordre total! Il n'y a pas de professionnels dans l'administration des arts ! Le peintre est obligé de tout faire : peindre, encadrer, transporter les tableaux, chercher l'acheteur, le convaincre d'acheter, l'initier à l'art quand il ne distingue pas un tableau d'un meuble décoratif… Cela dit, je n'en pense pas moins que l'artiste doit créer quelles que soient les conditions.