A chaque fois qu'il prend la parole en public, le secrétaire général du PJD fait une longue digression dédiée au PAM et à son fondateur… Depuis le 20 février, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, semble faire une fixation sur le PAM et Fouad Ali El Himma. Tantôt il insinue que ce parti devrait quitter la scène politique, tantôt il appelle à l'exclusion de ses dirigeants. Récemment, il est allé même jusqu'à demander le limogeage de certains gouverneurs et walis qu'il accuse – sans en fournir la moindre preuve tangible – d'être des pro-PAM. Mais, l'idée la plus incongrue qu'il fait véhiculer ces derniers temps est celle de demander l'éclipse totale du fondateur du PAM. Le fait que Fouad Ali El Himma ait exercé son devoir national en votant lors du référendum a tellement gêné le patron des islamistes du PJD qu'il y a vu ce qu'il considère comme un «retour en scène » et il a commencé à s'alarmer. «Pourquoi tellement de rancune envers un homme politique comme M. El Himma ? », a-t-on le droit de s'interroger. Partant du fait que l'intéressé lui-même a du mal à expliquer logiquement et raisonnablement ses pulsions anti-El Himma, il est important de faire un bref rappel historique pour pouvoir ensuite analyser la situation. En 2003, le patron spirituel de M. Benkirane et de son parti, à savoir le fquih Ahmed Raissouni fait des déclarations révélant les positions jusqu'alors inavouées de la mouvance à l'égard des institutions du pays. Dans la même semaine, des attentats terroristes frappent Casablanca et le PJD s'empresse de renier l'existence de l'idéologie takfiriste et exprime des doutes sur la thèse judiciairement prouvée de l'affaire. Toujours durant la même année, le parti islamiste monte toute une campagne contre certaines expressions de modernisme et de liberté dans la société marocaine comme les festivals. Bref, la société marocaine était toute entière consciente qu'une vague intégriste était en train d'envahir le pays. Quelques années plus tard, en 2007, Fouad Ali El Himma exerce son droit le plus absolu de citoyen marocain libre de quitter ses fonctions officielles et d'aller lutter contre le courant islamiste à travers les urnes. Si les intentions étaient mauvaises, il aurait pu le faire de l'intérieur de la machine étatique et sécuritaire. Ce qui s'est passé ensuite est que le PJD a essuyé, en 2007, un revers électoral auquel il ne s'attendait pas. Mais, en fait, et pour dire les choses plus correctement, il n'avait pas obtenu un succès que des sondages réalisés outre-Atlantique lui avaient «promis». était-ce la faute du PAM ? Ce parti n'existait pas encore. Etait-ce la faute à Fouad Ali El Himma ? Il n'était plus aux commandes du ministère de l'Intérieur. Alors pourquoi toute cette volonté excursionniste de la part du secrétaire général du PJD ? Il dira que c'est suite à ce qui s'est passé par la suite. Mais, c'est quoi exactement ? M. Benkirane vous dira, avec sa manière de fuir en avant habituelle, qu'il ne veut pas entrer dans les détails et que «cela fait partie du passé». Mais, si cela fait partie du passé, pourquoi M. Benkirane continue-t-il à harceler le PAM et son fondateur dans chacun de ses discours ?... C'est du PJDisme…