La réaction épidermique de ce parti islamiste sur un sujet sur lequel tout le monde l'attend n'est pas très fine sur le plan politique. Abdelilah Benkirane, le patron du PJD, n'est pas bien inspiré de monter au créneau sur cette question de liberté de croyance dans le projet de la nouvelle Constitution. Ses conseillers — il en a qui sont excellents — n'auraient pas dû proposer cette option. Pour trois choses évidentes. 1) Cette disposition permet au pays, et c'est historique, de donner toute la place qu'elle mérite à la pratique de la religion juive dans notre pays alors qu'historiquement elle fait partie intégrante de notre identité multiple et de notre environnement naturel cultuel. Cette disposition, et c'est stratégique, va aussi dans le sens des critères de Copenhague induits par notre Statut avancé avec l'UE. Elle va également dans le sens de nos relations multiformes avec les USA auxquelles le PJD participe intellectuellement beaucoup. 2) En montant au créneau, le PJD s'enferme dans une image politique de parti sectaire, incapable d'acter une forme de modernité comme le font avec réussite ses homologues turcs, et se montre rétif aux libertés individuelles et à l'expression reconnue et légitime de la diversité. 3) Par cette posture contre-productive et auto-stigmatisante, il y a un risque majeur que le PJD se coupe d'alliés politiques potentiels pour jouer un rôle majeur dans la gouvernance du pays dnas les prochaines années. La réaction épidermique de ce parti islamiste sur un sujet sur lequel tout le monde l'attend n'est pas très fine sur le plan politique. En s'autoproclamant comme gardien exclusif de l'identité «islamique» marocaine que personne ne menace d'ailleurs, bien au contraire, il choisit — et cela est un trait constitutif de l'usage abusif de la religion dans le domaine politique ou idéologique — la caricature contre la créativité. Sans cette créativité nécessaire il va être, au final, très difficile d'adapter le modèle turc, dont tout le monde se gargarise ces derniers temps, au Maroc.