Un ministre français «poissé» dans une partie fine avec des mineurs à Marrakech a été exfiltré en France sans aucune forme de procès et dans un silence médiatique absolu. Ce qui importe ce n'est pas la vérité. Personne n'en a cure. Le plus important c'est l'effet d'annonce dans sa brutalité, dans son énormité et dans son aspect ahurissant. Un ministre français «poissé» dans une partie fine avec des mineurs à Marrakech a été exfiltré en France sans aucune forme de procès et dans un silence médiatique absolu. Luc Ferry, philosophe de son état, ex-ministre de l'éducation nationale, est l'auteur de cette révélation. Bien sûr, il ne donne pas le nom du ministre incriminé — il cite sa source, un ex-Premier ministre — car il ne veut pas de problème avec la justice. Il aura quand même des problèmes soit parce qu'il en a trop dit, soit parce qu'il n'en a pas assez dit. En pénal, face à un crime, c'est le même tarif. Maintenant revenons à nos moutons de panurge. Cette histoire se serait passée chez nous, on devrait pouvoir avoir quelques éléments de réponse. La date d'abord ? Ensuite, où à Marrakech ? Quelle est l'identité de ce mystérieux ministre ? Y a-t-il eu un PV de police ? On devrait — rien ne peut être durablement caché chez nous — remonter le décor de cette affaire, les acteurs, les comparses et tirer les choses au clair en terme de responsabilités. Les aspects franco-français de l'affaire, surtout en période électorale mortelle, ne sont pas déterminants pour nous. Ce qui nous importe ce sont trois ou quatre choses : 1) L'image du Maroc et de Marrakech étant en cause, on devrait tout entreprendre pour réparer ce préjudice. 2) Nous vivons dans un Etat de droit, un procureur français a bougé, je ne vois pas pourquoi un procureur marocain, celui de la Cour d'Appel de Marrakech, ne bougerait pas et d'urgence. 3) Les ONG qui s'occupent de la protection de l'enfance contre les crimes sexuels, celle de Mme Najat Anwar par exemple est crédible en la matière, devraient avoir les moyens pour aller jusqu'au bout de leur démarche de partie civile. 4) Cette affaire avec son aspect politique doit être une occasion pour nous pour une vraie mobilisation contre les dérives du tourisme sexuel dans notre pays et son extension criminelle qu'est la pédophilie. Il faut une réaction sérieuse si on ne veut pas être classé à l'avenir comme une destination grise. Pour finir, les médias français sont accusés de savoir et de se taire, en tout cas c'est la thèse de Luc Ferry. Qu'en est-il des nôtres?