Il a demandé au voisin du quartier un briquet pour allumer sa cigarette. Mais, celui-ci a refusé de le lui donner sans savoir pourquoi. Un malentendu qui a cédé la place aux injures puis au meurtre. Personne ne sait pourquoi Chouaïb était toujours nerveux. Lui, également, ignore pourquoi il était toujours ainsi au point qu'il pouvait se bagarrer pour une futilité. Ses amis et ses voisins affirment qu'il était, de coutume, calme quand personne ne le provoque, serviable si quelqu'un avait besoin de son aide et tranquille lorsqu'il prend sa dose en haschich. Mais, en un clin d'œil, il pouvait devenir un monstre que personne ne peut retenir. Et voilà qu'il allait payer cher sa nervosité. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Settat. Au box des accusés, Chouaïb se tenait debout. Il semblait être angoissé et déprimé comme s'il n'avait pas sommeillé durant plusieurs jours. «Tu es accusé, selon les dispositions de l'article 392 du code pénal-d'homicide volontaire», lui a rappelé le président de la Cour. En fait, Chouaïb ignorait que cette accusation lui coûterait la réclusion perpétuelle. Et pourtant, il a répliqué : «M. le président, je n'avais pas l'intention de le tuer…J'étais à bout de mes nerfs et il m'a provoqué… Je n'ai jamais imaginé tuer personne…». A-t-il raison ? Peut-être. En recourant aux faits consignés dans le procès-verbal, on apprend que les éléments de la gendarmerie royale de la région de Daroua ont été alertés par téléphone pour se dépêcher sur la scène du crime. L'interlocuteur leur a expliqué que la victime qui a été poignardée par un jeune du quartier était encore en vie, mais qu'elle était dans un état critique. En fait, ils n'ont perdu aucune seconde pour y arriver. Mais, ils n'ont pas trouvé le jeune homme poignardé. Ils ont uniquement constaté des traces de sang non loin de la demeure de la victime. Les éléments de la protection civile qui étaient plus rapides que les gendarmes l'ont évacué à destination des urgences de l'hôpital Razi à Berrechid que les limiers de la gendarmerie royale ont décidé d'y aller. Seulement, à mi-chemin, ils ont appris que la victime avait rendu l'âme suite à ses blessures et ce avant d'arriver à l'hôpital. En y arrivant, les détectives ont regardé le cadavre du défunt. Ils ont constaté une grande blessure au côté droit de sa poitrine. Aussitôt, les enquêteurs se sont mobilisés pour l'arrestation du mis en cause, Chouaïb. Certes, ils ne l'ont pas trouvé chez lui. Mais, les enquêteurs ont recouru d'abord aux témoins pour avoir toutes les informations sur le crime. Ceux-ci ont affirmé que le mis en cause était chez lui avant de sortir au début de l'après-midi. Il avait l'intention d'aller rejoindre quelques amis. Tout d'un coup, il a été croisé par la victime. Celle-ci lui a demandé un briquet pour allumer sa cigarette. Chouaïb qui l'a fixé curieusement s'est abstenu de le lui donner. Pourquoi ? Chouaïb refusait de lui répondre. Hors de lui, la victime a commencé à l'insulter. Chouaïb n'a pas pu retenir ses nerfs. Il lui a répondu par des gros mots. Tout d'un coup, la victime a remarqué une voiture à bord de laquelle il y avait son frère et sa sœur. «Arrête, arrête et attends que mon frère passe», a demandé la victime à Chouaïb. Au contraire, Chouaïb est devenu comme un monstre difficile à calmer. Il a continué à injurier la victime. Pire encore, il s'est armé d'un couteau et d'un tesson de bouteille. Et il a attaqué la victime qui a essayé de se défendre par la main. Mais en vain. Chouaïb et l'arme blanche étaient plus forts que la victime qui avait reçu un coup au côté droit de sa poitrine. Chouaïb a reconnu tous les faits consignés dans le procès-verbal. Seulement, il a rejeté avoir l'intention de commettre un meurtre. C'est pourquoi la Cour, après les délibérations, l'a jugé uniquement coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et l'a condamné à dix ans de réclusion criminelle.