Mohamed et Abdellah étaient tous les deux sous l'effet de l'alcool quand le premier a désiré la maîtresse du second. Et c'était la bagarre avec les armes blanches. En conséquence, le premier a été tué et le second a encouru une peine d'emprisonnement de dix-huit ans. Vêtu d'un jean bleu, Abdellah se tenait au box des accusés. À son côté, sa maîtresse, Malika, portait une djellaba bleu ciel et un foulard rose. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Abdellah fixait le président et de temps en temps Malika qui n'hésitait pas à lui lancer à chaque fois un beau sourire. Tous les deux se souviennent, sans aucun doute, de ce jeune Mohamed, qui se soûlait avec eux. Il y a sept mois, il a été découvert corps sans âme. Quand les éléments de la police judiciaire ont été alertés, ils se sont dépêchés sur la scène du crime. C'était une ruelle plus ou moins obscure du quartier Sebata. Au centre de cette ruelle, les enquêteurs ont remarqué le cadavre d'un jeune homme, gisant dans une mare de sang. Les vêtements de sport qu'il portait étaient plus ou moins mouillés comme s'il pleuvait. Juste à côté du cadavre, ils ont constaté quelques bouteilles de vin rouge et un grand couteau. S'agissait-il de l'arme blanche par laquelle Abdellah a été tué? Peut-être. Les enquêteurs ont saisi l'arme blanche et ont entamé, aussitôt, l'enquête. A ce propos, ils se sont adressés à quelques habitants de la ruelle qui semblent avoir assisté à la rixe qui a eu lieu entre Mohamed et son protagoniste. Effectivement, les témoins leur ont révélé l'identité de l'auteur du crime. Il s'agit d'Abdellah, un repris de justice âgé de vingt-neuf ans, célibataire et sans emploi. Les détectives se sont lancés aussitôt à sa recherche. Pas moins de quelques heures plus tard, les efforts déployés par les limiers ont porté leurs fruits. Le mis en cause a été arrêté et a été conduit au commissariat pour complément d'enquête. Soumis aux interrogatoires, le mis en cause, Abdellah, a craché le morceau. Il a raconté aux limiers avoir rejoint la victime, Mohamed, en compagnie de sa maîtresse, Malika, et ce à bord de sa voiture, une Dacia bleue. Après avoir stationné dans un coin du quartier, ils ont commencé tous les trois à s'enivrer. D'un verre à l'autre, Mohamed a commencé à perdre connaissance au point qu'il a commencé à faire des avances à Malika. Son ami, Abdellah, lui a demandé de la laisser tranquille. Mais en vain. Mohamed ne pensait qu'au corps de Malika qui pourrait seul satisfaire son désir. Perdant le contrôle de soi, Abdellah a poussé Mohamed quand il a commencé à s'approcher de la jeune femme. Mohamed lui a proposé une somme d'argent pour le laisser faire. «Je ne suis pas un proxénète…», a crié Abdellah qui semblait être humilié de la part de Mohamed avant de brandir un couteau. Mohamed a brandi le sien. Deux jeunes hommes, chacun armé d'un couteau et la jeune fille se tenait devant eux. Sans attendre qu'il soit menacé une seconde fois par Mohamed, Abdellah a asséné deux coups mortels à son ami avant de prendre la fuite en compagnie de sa maîtresse, Malika, une prostituée de son état qui entretenait depuis belle lurette une relation amoureuse avec Abdellah. Devant la Cour, celui-ci a avoué être en état de défense et qu'il n'avait pas l'intention de tuer son ami. C'est pourquoi, elle l'a jugé coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, débauche et ivresse et l'a condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle. Quant à sa maîtresse, elle l'a jugée coupable pour non dénonciation d'un crime, non assistance à une personne en danger, débauche et ivresse et elle a été condamnée à un an de prison ferme.