Entretien. Mustapha Haddaoui, ancien joueur international, pressenti, il y a quelques semaines pour entraîner l'équipe juniors, fait le point sur l'élimination de l'équipe nationale au premier tour de la CAN 2002. Aujourd'hui le Maroc : Est ce que vous vous attendiez à cette débandade de l'équipe nationale ? Mustapha Haddaoui : Il faut être franc et dire que la plupart des observateurs sportifs savaient que l'équipe nationale n'ira pas loin dans cette coupe d'Afrique. Cela dit chaque Marocain nourrissait l'espoir qu'une surprise puisse se produire, mais je vous ne cache pas, que personnellement, j'avais le pressentiment d'un tel échec. D'abord l'entraîneur national n'a jamais réussi à aligner le même effectif deux fois de suite. Il se contente d'aligner comme éléments de base trois ou quatre joueurs tout en jonglant avec le reste de l'effectif. Conséquence logique de cette irrégularité, il n'est pas arrivé à constituer un groupe homogène. L'équipe nationale évoluait sans fond de jeu, ni âme, ce qui a donné les prestations brouillonnes que tout le monde a constaté lors des matchs de préparation. La déroute de l'équipe nationale à la CAN n'a donc pas contredit la logique de ses piètres prestations avant son départ pour le Mali. Est ce dû au mauvais choix des joueurs à la tactique de l'entraîneur ou à la mauvaise préparation de l'équipe nationale ? C'est tout cela et plus encore. Le choix des joueurs me paraît inadéquat quant, on constate l'éviction des joueurs de la trempe de Lembarki, Talal Karkouri, voire Lahcen Abrami puisque l'équipe nationale a manqué terriblement d'arrières latéraux. Il ne faut pas oublier l'absence de Mustapha Hajji et le départ d'Abdeslam Ouaddou, mais cela est une autre histoire. Quant à la tactique, elle a été trop classique pour qu'elle puisse contrecarrer la subtilité de placement de nos adversaires africains. Car la tactique aujourd'hui consiste aussi et surtout à faire jouer l'adversaire de la manière que l'on veut. Or le jeu de l'équipe nationale était si statique et figé que les joueurs n'ont jamais réussi à faire le pressing sur leurs adversaires pour les empêcher de développer leur jeu. Mais tout ce cafouillage tactique était prévisible depuis que l'entraîneur a eu cette idée étrange d'aligner Naybet dans le poste de milieu de terrain défensif lors du dernier match de préparation. On a l'impression que l'entraîneur national travaille dans un laboratoire pour faire des expérimentations afin de préparer la coupe du monde de 2006 ou 2010. Finalement le recrutement de Cuelho s'est avéré une mauvaise affaire puisque, sous sa houlette, le Maroc a été éliminé de la coupe du monde et de la coupe d'Afrique. La faute incombe d'abord à celui qui a été le chercher pour lui offrir un salaire de 45 millions de centimes plus d'autres avantages. Il faut que ceux qui ont fait ce choix puisse en rendre des comptes pour que cela ne se reproduise plus. Car, à la longue, on risque de croire ceux qui affirment que ceux qui recrutent les entraîneurs étrangers perçoivent des commissions sur cette transaction. Ceci étant Humberto Cuelho demeure un entraîneur ordinaire avec un palmarès très mince par rapport à celui de Henri Michel et de Kasperzack. Les dirigeants de la fédération sont donc les premiers responsables de cette déconfiture ? Ils ont leur part de responsabilité car ils sont profondément impliqués. Ils doivent donc assumer sans essayer de jeter en pâture un entraîneur qu'ils sont allés eux-mêmes chercher en contrepartie d'un salaire élevé et en devises s'il vous plait. Sous d'autres cieux quand l'échec est aussi ressortissant, le staff dirigeant prend sa responsabilité et démissionne. Ceci étant, il faut verser dans la dramatisation et commencer à réfléchir, dés à présent, sur la reconstitution de l'équipe nationale. Ne peut-on pas le faire avec des entraîneurs marocains ou comme le pensent nos dirigeants, les techniciens nationaux sont incapables d'assumer cette responsabilité ? Ceux qui sont incapables sont les dirigeants qui ne font rien ou font du mal à notre football tout en se permettant le luxe sous estimer les techniciens marocains. Mais cette attitude conforte tout ce qui se dit sur eux comme quoi ils profitent de dividendes en recrutant des entraîneurs étrangers. Je ne voudrais pas être à leur place aujourd'hui, car embaucher un entraîneur avec un salaire de 45 millions par mois pour qu'il nous élimine en coupe du monde et en coupe d'Afrique, est un crime contre notre football et contre les deniers de l'Etat.