«Majid» est le premier long-métrage de Nassim Abbassi. Il sort sur les écrans le 30 mars. Le réalisateur explique son approche. ALM : Comment a été accueilli «Majid» lors de l'avant-première ? Nassim Abbassi : J'ai été surpris par la réaction du public. Durant la projection, les gens ont ri, ont applaudi, ont été émus au moment où il le fallait, il y en a qui ont pleuré aussi, il y a eu une très belle réaction. J'espère que ce sera aussi positif quand il sortira le 30 mars. Pourquoi avez-vous choisi un enfant comme héros du film? A l'origine, je voulais réaliser un film autour du thème de «lhogra», un problème qui concerne tous les Marocains à différents niveaux. Pour cela, je devais choisir le personnage le plus vulnérable. Il a été donc question d'un enfant qui plus est orphelin. D'autant plus que dans notre société, le traitement réservé aux enfants laisse à désirer. Ceci sans parler des jeunes bonnes qui travaillent dans les maisons, les enfants des rues... Quelle a été votre approche pour traiter ce sujet sans verser dans le misérabilisme? Il faut savoir que ce film n'est pas Ali Zaoua. «Majid » raconte l'histoire d'un enfant du Rif qui a perdu ses parents et qui est venu vivre avec son frère à Mohammedia. Majid souhaite revoir un jour le visage de ses parents, la seule photo d'eux qui existe est conservée chez d'anciens voisins qui sont venus à Casablanca. C'est quelqu'un d'éduqué, qui travaille pour subvenir à ses besoins, il vend des livres, cire les chaussures... Je ne voulais pas qu'on éprouve de la pitié pour ce personnage, mais qu'on ressente ce qu'il ressent, qu'on devienne Majid et vive sa quête, pendant les deux heures du film. Comment avez-vous découvert l'acteur qui joue le rôle de Majid ? Brahim, l'acteur qui joue Majid, est un vrai enfant pauvre, il a 9 frères et sœurs. Je l'ai rencontré par hasard à Tanger, il faisait de l'acrobatie pour gagner sa vie. Son regard, son expression, sa beauté m'ont marqué. A travers lui, j'ai voulu montrer que pauvreté ne rime pas forcément avec laideur, balafre sur le visage et gros mots. On avait aussi fait des castings sauvages dans les orphelinats, c'est comme ça que j'ai trouvé Larbi son copain dans le film. Pour quelle raison le film a été tourné à Mohammedia ? C'est ma ville adoptive, j'y ai vécu mon enfance. C'est pour moi l'une des plus belles villes du Maroc. Elle dispose de plein d'atouts cinématographiques, luminosité, architecture, diversité des paysages... J'espère que grâce à ce film, je vais aider à mettre cette ville dans la carte cinématographique. Bien, il y a trop des choses qui la dénaturent, les immeubles, du béton qui gâchent la vue et une négligence au niveau de son entretien (déchets). Quel a été le budget de ce film? Majid a bénéficié de 3 millions DH du CCM, ainsi que du soutien de 2M, de quelques connaissances. J'ai aussi mis un peu de mes propres moyens. C'est un budget très moyen c'est pour cela que j'ai dû moi-même remplir diverses fonctions (montage, bande-annonce, affiche...) pour garder l'esprit du scénario que j'ai écrit et ne pas compromettre ce film qui a reçu le Prix du meilleur scénario à Tanger. Quelles ont été vos influences cinématographiques lors de la réalisation de «Majid»? Mon film est proche du cinéma iranien de Abbas Kousturami, ou encore du cinéma français «L'argent de poche», ou «Les 400 coup». Quelle est votre ambition pour ce film? J'espère que le public viendra voir ce film. A mesure de son succès, j'aborderais d'autres projets plus ou moins grands. Notamment une comédie musicale, la suite du film «Bila Houdoud» sur les grands écrans, ou encore un film autour de Abderraouf.