J'ai hésité avant d'employer ce terme «société civile» que je n'aime pas beaucoup et auquel je préfère –de loin- le terme de «mouvement associatif» qui possède, selon moi, un côté plus militant, mais là n'est pas l'important dans mon propos de ce jour. Je voudrais ici montrer à quel point la société civile a un rôle primordial à jouer dans un pays . La France par exemple, est une nation de longue tradition associative, notamment issue du «mouvement d'éducation populaire» , le Maroc le devient –en particulier depuis une dizaine d'années- qui a vu sa société civile émerger et monter au créneau . Humanitaire, Droits des femmes, Solidarité , Lutte contre le sida, contre le cancer, Protection de l'enfance, Culture, Quartiers, Droits de l'Homme… tous les domaines sociaux ont peu à peu vu le mouvement associatif se saisir à bras-le-corps de leurs maux et œuvrer pour y remédier. Le mouvement associatif est aujourd'hui l'interlocuteur incontournable, le «médiateur», l'acteur au quotidien, le moteur sur le terrain (de l'INDH, par exemple), le propulseur de réformes…c'est l'un des grands acquis du règne de SM Mohammed VI qui a su favoriser, inciter la société civile et en faire un partenaire respecté ! Pourquoi cette réflexion aujourd'hui, tout simplement en raison des événements actuels (Tunisie, Egypte…) où l'on voit nombre d'analyses se faire entendre sans que précisément ce rôle de la société civile ne soit évoqué ou suffisamment pris en compte. Or justement, les régimes autoritaires ont tous pour particularité de «laminer» le mouvement associatif dans leurs pays, décapitant ainsi la population de leurs bénévoles, de leurs «chevilles ouvrières», de leurs militants . Tout autant que les élus, tout autant que les forces de l'ordre, tout autant que le patronat…chacun à sa place, le mouvement associatif est indispensable à la bonne marche d'une société, qui devient bancale dès l'instant où ses «représentants» associatifs sont manquants. On l'a vu en Tunisie, livrée à elle-même, sans interlocuteurs associatifs crédibles sur le terrain, privée de cet espace indispensable d'expression, de réflexion, d'action…que représentent les associations, sans donc ces lieux de création et de dépassement de soi que sont les structures militantes, la population s'est retrouvée enfouie sous une chape de plomb et orpheline. Bien sûr les causes d'un soulèvement comme celui qu'a connu la Tunisie sont multiples et d'autres analystes les décortiquent savamment, mais je ne pense pas avoir lu cette donnée –clairement explicitée– d'absence de société civile comme raison aggravante du mal-être de ce peuple. L'exclusion est, à mon avis, l'un des moteurs d'une révolte, d'une révolution et le mouvement associatif, la société civile sont des acteurs essentiels de la lutte contre l'exclusion !